lundi, octobre 23, 2006

LES MUTATIONS AU PAYS DE MONTBELIARD AU 19ème SIECLE

Au 19ème siècle, le Pays de Montbéliard s'éveilla, se transforma politiquement et économiquement, et il connut une étonnante mutation.

Politiquement, les Montbéliardais, héritiers d'une situation "originale" dans les siècles passés, ont (semble-t-il) toujours eu le souci de préserver leur "liberté" à travers les changements de régime politique de la France, veillant, depuis leur rattachement à la France en 1796, à "s'engager" le moins possible et à rechercher la "stabilité" la plus profitable !

N'ayant éprouvé que peu d'enthousiasme pour la Révolution française, et surtout pour les excès de la Terreur et la politique religieuse de la Convention, ils s'étaient ralliés au régime napoléonien. Le plébiscite de 1804 avait été approuvé à l'unanimité des 497 votants. Mais en 1816, ils accueillirent sans regret la fin du Ier Empire, affirmant leur fidélité à Louis XVIII et aux Bourbons. En 1828, ils firent un accueil enthousiaste au roi Charles X en visite dans la ville. De même, le 1er septembre 1831, Louis-Philippe connut des ovations identiques. Lors de l'insurrection ouvrière de Paris du 23 juin 1848, le caractère républicain modéré de Montbéliard s'affirma.

Puis, le Coup d'Etat du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon ne connut pas d'opposition violente; et la Municipalité adressa même ses félications au Président pour avoir "dissout une Assemblée qui renfermait dans son sein la tête de tous les partis qui décimèrent la France et détruit une Constitution où existaient tous les germes de la guerre civile". Au scrutin proposant le Second Empire, il n'y eut que 5% d'opposants. Mais lorsque Napoléon III espéra consolider son empire ébranlé en 1870 par un plébescite sur ses réformes libérales, les électeurs montbéliardais se prononcèrent à 70% pour le "non" (la moyenne nationale était de 17,5%) !

Pendant la guerre franco-allemande de 1870-71 et lors de la proclamation de la Troisième République après la défaite de Napoléon III, le Pays de Montbéliard écarta à la fois les bellicistes et les hommes de droite au moment des Législatives de février 1871. Si les paysans qui espéraient la paix immédiate, et la partie montagnarde et catholique de la circonscription appuyèrent les députés de droite, l'ensemble du Pays de Montbéliard, ancré dans le protestantisme, fut fondamentalement un fief républicain et radical. Les Luthériens choisirent alors la République laïque. Toutefois, avec l'avancée industrielle depuis le début du 19ème siècle, la population urbaine, vers 1850, évolua par l'apport d'immigrants, le plus souvent d'origine catholique.

Economiquement, la mutation fut la conséquence du développement industriel du Pays, grâce en particulier au creusement du Canal du Rhône-au-Rhin, en 1824, et à la construction (après bien des luttes d'intérêts et des péripéties) de la voie ferrée Dijon-Mulhouse en 1853, et des lignes d'intérêt local (Audincourt et Delle en 1868). De nouvelles filatures et des tissages (d'abord à main, puis mécaniques) s'installèrent (tels ceux des Frères SAHLER et BOURCART). L'horlogerie demeura une industrie essentielle; mais surtout, surgirent des entreprises "modernes" (instruments aratoires et outils, et celle de l'automobile avec les usines JAPY, PEUGEOT....)

Néanmoins, le Pays de Montbéliard connut plusieurs crises graves. En 1822-1823, une crise de surproduction du coton, puis de 1828 à 1831, de nouveau le marasme. Enfin, en 1847 et 1848, les mauvaises récoltes provoquèrent une hausse des denrées alimentaires; la crise industrielle aigüe amena l'ouverture d' "ateliers nationaux" de terrassement pour les nombreux chomeurs. Enfin, en 1854, une épidémie de choléra accrut les difficultés.

Ce fut dans ce contexte économique et politique en mutation que vécut Pierre-Abraham CURIE. Il semble bien que son existence en épousa les méandres !

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