samedi, octobre 28, 2006

MA BRANCHE FAMILIALE SE DETACHE DU TRONC MONTBELIARDAIS D'ETUPES

Mariage d'Ivan CURIE et d'Alice TRIAIRE (mes parents) en Juillet 1921 en Tunisie.


A travers les pérégrinations de son existence professionnelle et sociale à l'intérieur du Pays de Montbéliard, Pierre-Abraham CURIE peut laisser penser qu'il s'était lui-même déjà senti à l'étroit dans son Etupes natale, et qu'il avait cherche pour lui-même et pour sa famille un avenir plus ouvert. On peut imaginer sans peine qu'il a transmis à ses cinq enfants le goût des horizons plus vastes ou l'ambition de situations sociales plus diversifiées que celles, limitées, de la campagne montbéliardaise. L'enseignement qu'il a servi pendant quelques années -tout comme son frère Pierre, mais moins longtemps que lui - a, sans doute aussi, joué un rôle déterminant dans la "mutation sociale" de la famille, qui s'est exprimée ensuite en une "émigration" du Pays, et même de France !

Pierre-Jacques CURIE (1829-1899), Ingénieur.

En effet,avec Pierre-Jacques CURIE, mon arrière-grand-père,l'émigration de ma branche familiale, issue de George CURIE, le Vieux, fils d'Henry CURIE, a été effective. Quatrième des ciq enfants de Pierre-Abraham CURIE et de Frédérique SCHOULLER, Pierre-Jacques CURIE est né à Audincourt, le matin du jeudi 30 décembre 1829, et déclaré à la Mairie d'Audincourt ce même jour en présence des témoins Jean-David CURIE, son grand-père, alors âgé de cinquante cinq ans et percepteur du Canton, et de Jacques-Frédéric CURIE, cousin-germain de son grand-père, du même âge, et cultivateur à Audincourt. Pierre-Jacques CURIE vécut vraisemblablement jusqu'en 1845, à dix sept ans, dans sa ville natale où son père, Pierre-braham, était le fondé-de-pouvoir de la Perception. L'acte d'Etzt-Civil indique qu'il était aussi "propriétaire".

Sous le règne de Louis-Philippe (1830-1848), Audincourt était une petite ville industrielle (forges, horlogerie,filaures) d'environ trois mille habitants; et le village d'Etupes, distant de trois kilomètres, ne comptait en 1841 que sept cent trente cinq habitants.

Nous ne savons actuellement pas grand'chose de l'enfance et de l'adolescence de Pierre-Jacques CURIE. A-t-il fréquenté, comme tous les enfants d'alors, l'école communale entre six et quatorze ans ? C'est probable. Vers quatorze-quinze ans, il dut suivre les cours d'une Ecole professionnelle pour se préparer à entrer à dix sept ans, en 1845, à l'Ecole Professionnelle des Arts-et-Métiers de Châlons, où il devint "gadzart" pendant trois années. En 1851, il devint, à vingt deux ans, "sociétaire" de cette Ecole d'ingénieurs.

A sa sortie des Arts-et-Métiers, il fut attaché, de 1848 à 1854, entre ses dix neuf et vingt cinq ans, aux Etablissements CAIL. Il épousa le 20 août 1857 à MEULAN, Ernestine-Désirée CHERON qui avait alors dix-huit ans et demi (elle était née le 4 novembre 1838). Pierre-Jacques CURIE qui, à vingt-sept ans et demi, était alors Chef des Etudes du Chemin de fer des Ardennes, habitait à PARIS (109 rue Saaint-Lazare) au moment de son mariage. Il eut pour témoins de mariage deux de ses amis parisiens : un ingénieur de vingt-et-un ans, Edmond COLLIGNON qui demeurait 46 Quai de Billy, et un entrepreneur de vingt-sept ans, Eugène TOISOUL qui habitait 153 rue Saint-Antoine. Sa femme eut pour témoins, son oncle François-Auguste TOURNEFOTTE, propriétaire à AUFFREVILLE, et un cousin-germain, François-Marin DUBOIS, huissier à MEULAN.

Pourquoi Désirée-Ernestine CHERON et mon bisaïeul Pierre-Jacques CURIE se sont-ils mariés à MEULAN ? Après des recherches, voici la réponse : Nicolas-Louis CHERON, fabricants de lacets de laine, et Jeanne-Désirée CONSCIENCE, les parents de Désirée-Ernestine CHERON, habitaient Châlons-sur-Marne. A la mort du père, en 1842, leur mère partit habiter à MEULAN avec ses deux petits filles en bas-âge (de quatre et un ans), chez son beau-frère, Pierre-Alexandre-Ambroise CHERON, qui était marchand grainetier, et chez sa belle-soeur, Alphonsine-Louise HURE.

Pierre-Jacques CURIE et Ernestine-Désirée CHERON eurent quatre enfants : Jeanne CURIE, née le 11 août 1870 et décédée le 3 janvier 1942 à TUNIS; Ernest CURIE, né en 1860; Pierre CURIE dont nous ne savons pas grand'chose, sinon qu'il eut (paraît-il) une vie courte et assez agitée; enfin Paul-Frdérice CURIE, né le 17 août 1866, à SAINT-DENIS-SUR-SCIE, en Seine-Maritime.

Sous le Second Empire, entre 1854 et 1865, âgé de vingt-cinq à trente-quatre ans, Pierre-Jacques CURIE fut détaché à LONDRES, à l'Hôtel-des-Monnaies, pour l'établissement d'un atelier d'affinage. Au cours de cette période, il devint également Chef des études pour le Chemin de fer LYON-GENEVE, puis du Chemin de fer des Ardennes.

En 1865, à trente-quatre ans, la Maison CHEVALIER et CHELLERS le détacha en ESPAGNE pour assurer la livraison du Chemin de fer MALAGA-CORDOUE. Sans doute, pour devenir entièrement indépendant, dans les dernières années du règne Napoléon-III et les dix premières années de la Troisième République (de 1866 à 1881), il devint Directeur d'une sucrerie dans l'Aisne à NEUILLY-SAINT-FRONT. Entre temps, en 1878, il avait obtenu la Médaille d'or à PARIS. Mais, par suite de l'effondrement des cours de la betterave, son usine de sucre tomba en faillite et dut fermer. Pierre-Jacques CURIE connut alors quelques mois de "chômage", qu'il semble avoir vécu comme une sorte de déshonneur! Il dut chercher à se "reconvertir". Mais son temps d'épreuve fut relativement bref. En 1882, à cinquante-trois ans, il fut chargé d'étudier l'avant-projet de Métropolitain de PARIS. Enfin, sur les conseils de son ancienne Ecole des Arts-et-Métiers, il s'expatria à cinquante-quatre ans, en 1883, avec sa famille en ALGERIE.

Pierre-Jacques CURIE s'installa alors à BONE où il fut, en effet, le créateur de la première ligne de Chemin de fer BONE-GUELMA. Il y demeura comme Ingénieur-en-Chef du Service du matériel et de la traction. Il mourut à BONE le 25 octobre 1899, à trois heures et demie du maatin, à soixante-neuf ans, neuf mois et vingt quatre jours !

Membre de la Société des Ingénieurs Civils, il était "Commandeur des décorations étrangères" : croix qui récompensait la valeur de l'activité et la richesse des relations internationales de Pierre-Jacques CURIE.


Pierre-Jacques CURIE a donc inauguré la branche nord-africaine de la famille CURIE d'Etupes. Elle devait par la suite se développer en ALGERIE, puis en TUNISIE à partir des enfants de Pierre-Jacques CURIE et d'Ernestine-Désirée CHERON:

-- Ernest CURIE vécut en AFRIQUE DU NORD; sa carrière se déroula aussi dans les Chemins de fer, algérien et tunisien. Il fut, en particulier, "Directeur de l'Indicateur tunisien".

-- Jeanne CURIE épousa le journaliste Edmond LECORE-CARPENTIER, le créateur du quotidien tunisien "La Dépêche tunisienne", ainsi que de la Station thermale de KORBOUS dans le Cap-Bon. Ils donnèrent naissance à quatre filles :Marthe LECORE en 1889, et qui épousa Monsieur WEYLAND, Contrôleur Civil en TUNISIE; Suzanne LECORE en 1891, qui épousa Monsieur ATGER; Yvonne LECORE en 1896 qui épousa le docteur RAYNAL (qui eurent trois enfants : Louis RAYNAL, tué en Tunisie lors du débarquement allié en 1942; Françoise RAYNAL et Jean RAYNAL qui épousa Mona GARROT. Enfin, Madeleine LECORE(née le 7 janvier 1898 et décédée le 28 novembre 1979) épousa Charles MAILLET, le 9 juin 1921 et qui eurent cinq filles et un garçon : Suzanne MAILLET, née le 15 juin 1922; Madeleine MAILLET, née le 23 mai 1923; Alice MAILLET, née le 4 juillet 1929; Simonne MAILLET, née le 25 août 1931; Nicole MAILLET, néele 17 août 1935; et Pierre MAILLET, né le 2 avril 1925, et décédé le 5 décembre 1989.

--Paul-Frédéric CURIE, mon grand-père, épousa Marie-Emilie DI DONNA,née à LA CALLE (Algérie), le 12 janvier 1873; dont la famille était italienne, oiginaire de NAPLES : fille de Luigi DI DONNA ,pêcheur de corail, et de Carmena DI DONNA. Marie-Emilie DI DONNA-CURIE, ma grand'mère, est décédée le21 janvier 1971 à quatre-vingt-dix-huit ans, à MAXULE-RADES, dans la banlieue de TUNIS.

Paul-Frédéric CURIE succéda à son père, Pierre-Jacques CURIE, et fut Chef de dépôt du Chemin de fer BONE-GUELMA. Il devait mourir jeune, à trente-huit ans, d'une congestion pulmonaire à BONE où il résidait avec sa famille, le 17 avril 1905. Il eut quatre garçons : Marcel CURIE, né le 2 mars 1896 et décédé à MARSEILLE en 1976. Il était marié à Andrée TOURNIEROUX, née en 1899 et décédée aussi à MARSEILLE le 26 juin 1989. Ils eurent quatre enfants : Paul, Roger, Hélène et Alain CURIE.

-- Jean CURIE, né en 1897 et décédé à PARIS en 1946. Il était larié sans descendance.

-- Yvan CURIE (mon père), né le 27 octobre 1898 à DJEBEL-DJELLOUD, aux environs de TUNIS et eut pour témoins ses oncles Ernest CURIE et Edmond LECORE-CARPENTIER. Il épousa à MAXULA-RADES (voir photo en haut de page), le 30 juillet 1921 Alice-Eugénrie-Gabrielle TRIAIRE (ma mère) née le 26 mai 1897 à SERNHAC, près de NIMES. Ils eurent pour témoins de mariage Jeanne CURIE-LECORE, leur tante, et Eva TRIAIRE, soeur aînéE d'Alice TRIAIRE. Yvan CURIE est décédé à NYONS dans la Drôme, le 7 août 1973, et son épouse à VENCE dans les Alpes-Maritimes, le 9 septembre 1963. Leur fils, Pierre CURIE est né à TUNIS le 9 mai 1922.

-- Enfin, Georges CURIE, né le 6 mai 1901 et décédé à TUNIS en 1971. De son premier mariage avec une Anglaise, Nora-Louise ROWSON, décédée peu après, il n'eut pas d'enfant. Remarié à Huguette-Paule-Marie RICHEZ, il eut un fils Philippe CURIE, qui épousa en secondes noces Carole SIFFLET, le 23 janvier 1993 à PARIS.

Ainsi, nous avons tenté de rechercher et de suivre les traces de notre généalogie depuis la fin du 16ème siècle au moment où notre ancêtre Thiébaut CURIE, le cordonnier, avait fui de Besançon avec sa famille les persécutions contre les protestants et avait trouvé refuge au Pays de Montbéliard.
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lundi, octobre 23, 2006

Pierre-Abraham CURIE, instituteur et fondé de pouvoir



Il fut mon trisaïeul. Pour ma famille, il ouvrit le 19ème siècle. Second fils de Jean-David CURIE et de Catherine GIGON, il naquit à Etupes le 21 janvier 1800, "l'An VIII de la République française, une et indivisible, le trois Pluviose".

Nous ne savons rien de son enfance et de sa jeunesse qui durent s'écouler à Etupes, où Jean-David CURIE et Catherine GIGON résidaient alors. Toutefois,, Pierre-Abraham n'aura pas connu sa mère longtemps, puisque celle-ci devait mourir en 1804 alors qu'il n'avait que quatre ans ! Son frère, Pierre, en avait sept. Précédemment, nous avons estimé que jusqu'au remariage de leur père avec Marie METTETAL en 1813, les deux frères durent connaître une période incertaine comme orphelins, élevés seulement par leur père qui exerçait le métier d'instituteur avant d'acquérir la perception d'Etupes, ou dans l'entourage de la famille de Jean-David CURIE. A partir de 1813, leur situation psychologique dut s'améliorer dans leur nouveau foyer avec leur belle-mère, et trouver sans doute une plus grande stabilité. Néanmoins, pendant au moins quatre années, entre 1813 et 1817, le Pays de Montbéliard traversa, après la prospérité des années 1809 à 1812 à l'apogée de l'empire napoléonien, des temps de dureté. A la fin de 1813, les armées impériales subirent des échecs en Allemagne; et le ravitaillement du Pays parvenait difficillement. Les divisions russes installèrent leur Intendance générale à Montbéliard avec leur cortège de réquisitions nouvelles. Les prix des denrées de première nécessité augmentèrent fortement. Le pain fit défaut. "On ne voyait plus que des figures pâles et des corps décharnés qui se traînaient péniblement. Plusieurs individus de différents lieux périrent d'inanition. La famine se prolongea jusqu'à la récolte de 1817". (Manuscrit Beurlin).

A partir du mariage de Pierre-Abraham CURIE, les actes de l'Etat-Civil d'Etupes et d'Audincourt nous apportent un certain nombre d'informations. Le 24 septembre 1822, Pierre-Abraham CURIE épousait à vingt deux ans à Etupes Henriette-Frédérique SCHOULLER, née à Etupes le 18 août 1799, fille d'un cultivateur d'Etupes, George SCHOULLER. Lors du mariage de Pierre-Abraham, son beau-père était déjà décédé depuis quatre ans, le 29 mai 1818. Sa belle-mère, Catherine GROSBELY, sans profession, étant analphabète, ne put signer le procès-verbal de mariage.

Jean-David CURIE, remarié depuis neuf ans avec Marie METTETAL, était toujours domicilié à Etupes où il était percepteur. Pierre-Abraham CURIE eut pour témoins de mariage, son parrain Pierre-Abraham PECHIN, alors âgé de trente neuf ans, cultivateur à Etupes; et son frère, Pierre CURIE, âgé de vingt six ans, instituteur à Etupes. De son côté, sa femme eut pour témoins son frère George-Frédéric SCHOULLER, âgé de trente quatre ans, qui était garde-forestier; et George-Frédéric CHEIROT, âgé de vingt huit ans, cultivateur à Etupes.

Comme la famille BOURGOGNE au 18ème siècle, la famille PECHIN d'Etupes eut des liens privilégiés avec ma famille CURIE, surtout à la fin du 18ème et au début du 19ème siècles. Marie CURIE, fille d'Henry CURIE, le recteur des écoles d'Etupes, avait épousé un Pierre PECHIN. Vers la même époque, une Catherine PECHIN (peut-être, une soeur de Pierre PECHIN ?) avait épousé George VURPILLOT (peut-être le frère d'Elisabeth VURPILLOT, seconde épouse de George CURIE, le Vieux ?). Puis en 1744, Jean-David CURIE eut, à sa naissance, pour parrain Jean-David PECHIN....

Revenons à Pierre-Abraham CURIE. Au moment de son mariage à Etupes, il demeurait à Fesches-le-Chatel où il était, lui aussi, instituteur. Ainsi, l'enseignement aura été l'une des orientations professionnelles de ma famille CURIE. Déjà, Jean CURIE (troisième du nom) et son fils Henry CURIE furent, tous les deux, quelques cent à cent trente ans auparavant, Maistres d'école, le premier à Exincourt, le second à Etupes.

LE METIER D'INSTITUTEUR AU 19ème SIECLE AU PAYS DE MONTBELIARD.

Au 19ème siècle, l'enseignement relevait toujours du domaine privé protestant au Pays de Montbéliard jusqu'à l'application des lois sur l'école laïque et obligatoire en 1905.

Tout en restant l'héritier du "maître d'école" des 16ème et 17ème siècles, le métier d'instituteur primaire communal, au moment où Pierre-Abraham CURIE et son frère Pierre, l'exerçèrent à partir de 1820, sous la Restauration des Bourbons et la Seconde République, a connu une certaine évolution.

Des Comités cantonaux ("Comités gratuits et de charité") devaient veiller au maintien de l'ordre et des bonnes moeurs, à l'orthodoxie de l'enseignement religieux scolaire, à l'amélioration des méthodes pédagogiques; signaler aux autorités départementales les mesures indispensables au bon entretien des bâtiments scolaires, ou en demander la construction là où il n'en existait pas.

Quel était alors, l' instituteur "idéal" ? "Au début du 19ème siècle, en pays montéliardais, le régent 'idéal' du village apparaît... comme un instructeur, mais plus encore comme un éducateur modèle, prototype de vertu évangélique aussi bien pour les enfants que pour l'ensemble de la communauté qui l'a choisi" ("Essai sur l'enseignement primaire et le protestantisme dans le pays de Montbéliard entre 1805 et 1880", page 32).

Comment devenait-on instituteur sous la Restauration ?

Jusqu'en 1833, au Pays de Montbéliard, munis d'un certificat de bonne conduite, les régents d'école exercèrent sans avoir reçu le moindre brevet de capacité. Le candidat était préalablement accepté par le Conseil municipal du village. Ensuite, le jeune maître débutait, le plus souvent, sans titre et se préparait alors à subir les épreuves du certificat de capacité. Seriviteur zélé de la paroisse protestante, l'instituteur était rétribué pour une faible partie en numéraire par la commune ou par l'église; une autre partie, très médiocre, en nature, par l'ensemble des familles, hormis les indigents. Pour obtenir cette dernière, l'instituteur allait de maison en maison, à la façon d'un mendiant.

Quelle était sa charge ? Comment pratiquait-il son enseignement ?

Tout d'abord, l'instituteur devait apprendre à lire, à écrire et à calculer. Vers 1820-1830, en plus de l'orthographe et de l'arithmétique, il donnait les éléments des règles de grammaire et de calcul mental. en outre, il était chargé, en collaboration avec le pasteur, d'une partie de l'instruction religieuse. D'autres tâches lui étaient encore imparties : les fonctions de chantre et de sacristain; accompagner les élèves au culte public, au catéchisme, surveiller leur conduite...

Jusqu'à la Restauration, le régent donnait, individuellement, l'enseignement qui pouvait convenir à chaque élève. Il les appelait à tour de rôle à son bureau pour les faire lire, contrôler leur page d'écriture, de calcul... D'où une énorme pêrte de temps et des difficultés de discipline! En 1822, dans le Canton d'Audincourt où enseignaient Pierre-Abraham et Pierre CURIE, un règlement prescrivait de pratiquer une enseignement "mutuel" et "simultané" : d'un côté, les plus capables des élèves ("écoliers-moniteurs") servaient de moniteurs aux moins doués; d'un autre côté, l'ensemble de la classe comprenait trois sections de niveaux différents : les "abécédaires"; la section d' "épellation" et celle de la "lecture, de l'écriture sous la dictée et le calcul".

Avec 1848, la Révolution favorablement accueillie par les paroisses rurales, et la Seconde République, les idées nouvelles, révolutionnaires de BLANQUI, PROUDHON et MARX gagnèrent une partie des instituteurs communaux. En 1850, un climat de suspicion se fit jour; les autorités dénonçant "la gangrène morale qui, sous le nom trompeur de socialisme, attaque le corps social sous toutes ses formes : l'état, l'église, la famille" (ibid, page 53). Paradoxalement, la loi FALLOUX (15 mars 1850) allégea la tutelle des communes sur les instituteurs et donna aux Consistoires protestants (et non plus aux Communes) le "droit de présentation" pour les instituteurs.

Pour quelles raisons, est-ce à ce moment-là que Pierre CURIE, frère de Pierre-Abrahamn qui avait alors 53 ans, donna sa démission d'instituteur d'Etupes ? Etait-ce le poids de l'âge ? des difficultés matérielles ? ou bien plutôt un besoin de liberté face à cette suspicion ambiante ? Une délibération du Consistoire d'Audincourt en date du 9 octobre 1850, mentionnait : "Monsieur le Président donne connaissance de deux lettres de M.le Maire d'Etupes, l'une du 29 septembre, qui informe que le Sieur P.CURIE (maître d'école) a donné sa démission; et l'autre du 2 octobre qui demande que le Consistoire se réunisse le plus tôt possible pour s'occuper de la formation de la liste des candidats à la place d'instituteur d'Etupes, en vertu de l'article 31 de la loi sur l'enseignement" (ibid, page 59).

Quant à Pierre-Abraham CURIE, il n'attendit pas 1850 pour renoncer, lui aussi, à sa charge d'instituteur de FESCHES-le-CHATEL, qu'il occupait déjà lors de son mariage à 22 ans. On l'y retrouve à la naissance de ses deux premiers enfants : Pierre-Henri CURIE, né le 19 février 1823 à Etupes dans la maison de George-Frédéric SCHOULLER, garde-forestier, beau-frère de Pierre-Abraham CURIE; puis celle de sa première fille, Henriette CURIE, née le 6 mai 1824 à Fesches-le-Chatel. A la naissance de son troisième enfant, Emilie-Julie CURIE, le 7 décembre 1826, Pierre-Abraham CURIE est alors instituteur à ECHENANS-sous-MONVAUDOIS,près d'HERICOURT. Ainsi, Pierre-Abraham CURIE exerça la charge d'instituteur communal entre 21-22 ans et 26-29 ans .

De 1829 à 1871, Pierre-Abraham CURIE et sa famille vécurent à AUDINCOURT. Nous savons que Pierre-Abraham CURIE fut, à partir de 1829, le fondé-de-pouvoir à la perception d'Audincourt, auprès de son père Jean-David CURIE et jusqu'à la retraite de celui-ci en 1847; puis il le demeura auprès du successeur de son père, un certain Monsieur MARTIN. Mais Pierre-Abraham CURIE était aussi propriétaire. Son quatrième fils, Pierre-Jacques CURIE (mon arrière-grand-père) y naquit le 31 décembre 1829; il eut pour parrains son grand-père Jean-David CURIE qui avait alors 55 ans; et le cousin-germain de son grand-père, Jacques-Frédéric CURIE, le fils de George CURIE, tailleur à Etupes. Jean-Frédéric CURIE avait aussi 55 ans à cette époque, et il était cultivateur à Audincourt.

Son cinquième enfant, Emile-Charles-Frédéric CURIE vit le jour le 2 décembre 1833, aussi à Audincourt.

Pierre-Abraham CURIE et sa femme résidèrent à Audincourt jusqu'à leur mort à dix ans d'intervalle. Pierre-Abraham mourut, en effet, à 71 ans, le 24 avril 1871. Selon son fils aîné, Pierre-Henri CURIE "les Prussiens qui étaient encore à Audincourt, lui rendirent les honneurs mortuaires en face de la Mairie d'Audincourt!".....Henriette-Frédérique SCHOULLER, sa femme, mourut à 83 ans, le 16 novembre 1882, "ayant tous ses enfants auprès d'elle, sauf son fils Pierre-Jacques CURIE qui n'est arrivé que le soir". A leur mort, l'un et l'autre étaient rentiers.

Nous sommes informés sur les personnes qui déclarèrent leur décès. Pour Pierre-Abraham CURIE, ce furent son gendre Frédéric SIRIOULON, époux d'Henriette-Catherine CURIE; celui-ci était gérant des forges et âgé à cette époque de 56 ans; ainsi qu'un "voisin", Louis CURIE, âgé de 42 ans, qui remplaça au dernier moment pour une raison inconnue, le fils de Frédéric SIRIOULON, Paul-Emile SIRIOULON, contre-maître,âgé de 23 ans.

Lors du décès de Henriette-Frédérique CURIE, ce furent ses deux fils : Pierre-Henri CURIE qui avait alors 59 ans et résidait à Lyon; et Emile-Charles-Frédéric CURIE, âgé de 49 ans, Chevalier de la Légion d'honneur, en garnison à Paris comme Capitaine au 89ème Régiment d'Infanterie de Ligne.

¨Pierre-Henri CURIE (un de mes grands-oncles), le fils aîné de Pierre-Abraham CURIE, nous a laissé les quelques notes suivantes, datant du 12 septembre 1906 et du 24 février 1909, sur sa vie et sa carrière:
Né à Etupes le 19 février 1823, il épousa Marie-Julie MARTIN, née le 12 septembre 1822 à Ambrieu-en-Cugey (fille de Joseph MARTIN et de Marie FOURNIER) et décédée le 15 septembre 1908 à Lyon (105 boulevard de la Croix-Rousse) "à l'heure de onze heures trois-quarts-midi sans agonie et sans souffrance , pouvant à peine manger et boire, en un mot, s'en allant mourante avec calme et connaissance jusqu'à la fin".

Pierre-Henri CURIE fut nommé Percepteur surnuméraire dans le département du Doubs le 23 octobre 1847. Le 1er juillet 1850, il fut nommé Percepteur de la réunion de Chaux-Neuve en classe exceptionnelle. Le 7 novembre 1851, il fut nommé Percepteur des quatre communes composant la réunion d'Ambérieu (Ain). Le 3 décembre 1864, il fut nomme Percepteur des Contributions directes des trois communes composant la réunion de Montuel. Le 13 mars 1879, il fut nommé Percepteur de 1ère classe à Tarascon-sur-Rhône, et Percepteur Receveur municipal des trois communes complétant la réunion de ce nom. Le 15 mai 1882, il fut nommé Percepteur des Contributions directes de la 9ème division de la ville de Lyon (1ère classe). Et en mars ou avril 1886, Pierre-Henri CURIE fut admis à faire valoir ses droits à la retraite avec un certificat d'inscription n° 141943, somme annuelle de 3.925 francs...

Avec Pierre-Abraham CURIE, ma branche familiale commença à s'écarter du foyer commun de la famille CURIE d'ETUPES. Alors que les ancêtres antérieurs (Henry CURIE, ses enfants et ses petits-enfants) s'étaient installés dans la région d'Etupes depuis la mini-migration à partir de Montbéliard au milieu du 17ème siècle, un mouvement "centrifuge" s'amorçait en ce début du 19ème siècle dans ce qui parait avoir été la quête d'une nouvelle stabilité avec Pierre-Abraham CURIE qui, né à Etupes avec le siècle, donne le sentiment d'avoir "erré" une bonne partie des quelques 70 années de sa vie, certes à l'intérieur d'un cercle encore restreint, à la recherche de lui-même : d'Etupes à Fesches-le-Chatel, puis à Echenans, enfin à Audincourt auprès de son père! Son "errance" ne fut pas seulement "géographique", mais aussi "professionnelle". On le retrouve, en effet, à travers les actes de l'Etat-Civil, successivement instituteur, fondé-de-pouvoir de percepteur, propriétaire, enfin rentier à la fin de sa vie !

Avec ses enfants, cette mini-errance se transforma en "émigration". Son fils aîné, Pierre-Henri CURIE s'installa à Lyon; son fils cadet, Emile-Charles-Frédéric CURIE, embrassa la carrière militaire, et on le retrouve Capitaine en garnison à Paris. Ses deux filles, Henriette et Emilie-Julie CURIE, par leurs mariages, l'une avec Frédéric SIRIOULON, gérant des forges, l'autre avec le filateur Henri-Auguste SAHLER, redevinrent montbéliardaises. Quant Pierre-Jacques CURIE, mon bisaïeul, après des études d'ingénieur à l'Ecole des Arts-et-Métiers de Chalons et de nombreuses missions à l'étranger (Allemagne, Espagne..)s'expatria en Algérie d'où ma propre famille est issue.

LES MUTATIONS AU PAYS DE MONTBELIARD AU 19ème SIECLE

Au 19ème siècle, le Pays de Montbéliard s'éveilla, se transforma politiquement et économiquement, et il connut une étonnante mutation.

Politiquement, les Montbéliardais, héritiers d'une situation "originale" dans les siècles passés, ont (semble-t-il) toujours eu le souci de préserver leur "liberté" à travers les changements de régime politique de la France, veillant, depuis leur rattachement à la France en 1796, à "s'engager" le moins possible et à rechercher la "stabilité" la plus profitable !

N'ayant éprouvé que peu d'enthousiasme pour la Révolution française, et surtout pour les excès de la Terreur et la politique religieuse de la Convention, ils s'étaient ralliés au régime napoléonien. Le plébiscite de 1804 avait été approuvé à l'unanimité des 497 votants. Mais en 1816, ils accueillirent sans regret la fin du Ier Empire, affirmant leur fidélité à Louis XVIII et aux Bourbons. En 1828, ils firent un accueil enthousiaste au roi Charles X en visite dans la ville. De même, le 1er septembre 1831, Louis-Philippe connut des ovations identiques. Lors de l'insurrection ouvrière de Paris du 23 juin 1848, le caractère républicain modéré de Montbéliard s'affirma.

Puis, le Coup d'Etat du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon ne connut pas d'opposition violente; et la Municipalité adressa même ses félications au Président pour avoir "dissout une Assemblée qui renfermait dans son sein la tête de tous les partis qui décimèrent la France et détruit une Constitution où existaient tous les germes de la guerre civile". Au scrutin proposant le Second Empire, il n'y eut que 5% d'opposants. Mais lorsque Napoléon III espéra consolider son empire ébranlé en 1870 par un plébescite sur ses réformes libérales, les électeurs montbéliardais se prononcèrent à 70% pour le "non" (la moyenne nationale était de 17,5%) !

Pendant la guerre franco-allemande de 1870-71 et lors de la proclamation de la Troisième République après la défaite de Napoléon III, le Pays de Montbéliard écarta à la fois les bellicistes et les hommes de droite au moment des Législatives de février 1871. Si les paysans qui espéraient la paix immédiate, et la partie montagnarde et catholique de la circonscription appuyèrent les députés de droite, l'ensemble du Pays de Montbéliard, ancré dans le protestantisme, fut fondamentalement un fief républicain et radical. Les Luthériens choisirent alors la République laïque. Toutefois, avec l'avancée industrielle depuis le début du 19ème siècle, la population urbaine, vers 1850, évolua par l'apport d'immigrants, le plus souvent d'origine catholique.

Economiquement, la mutation fut la conséquence du développement industriel du Pays, grâce en particulier au creusement du Canal du Rhône-au-Rhin, en 1824, et à la construction (après bien des luttes d'intérêts et des péripéties) de la voie ferrée Dijon-Mulhouse en 1853, et des lignes d'intérêt local (Audincourt et Delle en 1868). De nouvelles filatures et des tissages (d'abord à main, puis mécaniques) s'installèrent (tels ceux des Frères SAHLER et BOURCART). L'horlogerie demeura une industrie essentielle; mais surtout, surgirent des entreprises "modernes" (instruments aratoires et outils, et celle de l'automobile avec les usines JAPY, PEUGEOT....)

Néanmoins, le Pays de Montbéliard connut plusieurs crises graves. En 1822-1823, une crise de surproduction du coton, puis de 1828 à 1831, de nouveau le marasme. Enfin, en 1847 et 1848, les mauvaises récoltes provoquèrent une hausse des denrées alimentaires; la crise industrielle aigüe amena l'ouverture d' "ateliers nationaux" de terrassement pour les nombreux chomeurs. Enfin, en 1854, une épidémie de choléra accrut les difficultés.

Ce fut dans ce contexte économique et politique en mutation que vécut Pierre-Abraham CURIE. Il semble bien que son existence en épousa les méandres !

mercredi, octobre 04, 2006

JEAN-DAVID CURIE (1774-1849), instituteur et percepteur.

Il fut mon ancêtre à la sixième génération. Il est né à Etupes, le 7 novembre 1774, et il fut baptisé au Temple du lieu le lendemain, en présence de Jean-Pierre PECHIN d'Etupes, représentant son fils mineur, Jean-David PECHIN, et de sa marraine, Franoise VIENOT-VURPILLOT.

En 1789,à la Révolution française, Jean-David CURIE n'avait que quinze ans. Son père, Pierre CURIE, tailleur à Etupes, était mort depuis cinq ans. Jean-David vivait alors avec sa mère Suzanne-Marie CUENOT, son frère Pierre, de trois ans son cadet, et ses deux soeurs, Marguerite de deux ans son aînée, et Suzanne-Marguerite qui n'avait que sept ans. Anne-Marie, l'aînée de la famille, déjà mariée depuis deux ans, devait habiter à Béthoncourt avec son mari, Jean-George BOURRAY.

Nous ignorons ce que fut l'adolescence de Jean-David CURIE, les études qu'il a poursuivies. Le fait qu'il ait été orphelin de père dès l'âge de dix ans, peut laisser penser que sa mère, devant assurer seule désormais l'entretien de ses trois tout jeunes enfants (douze, dix et deux ans) dût connaître des moments difficiles depuis la mort de son mari en 1784. Nous savons, néanmoins, par l'inventaire des biens de Pierre CURIE, que Jean-Pierre-Nicolas CURIE, laboureur à Etupes, le cousin-germain et le voisin immédiat de Pierre CURIE, avait été chargé par la justice de la "curatelle" des enfants. Suzanne-Marie CUENOT put-elle ainsi compter sur l'appui de la famille élargie, sans doute aussi de celle de son beau-frère, Jean-George CURIE, lui aussi tailleur à Etupes, qui lui avait vraisemblablement prêté le rez-de-chaussée de la maison qu'il possédait en commun avec son frère. Jean-George CURIE avait alors, lui-même, deux enfants, dont l'un, Jacques-Frédéric avait l'âge de Jean-David. Ces deux familles durent vivre assez proches l'une de l'autre, car bien plus tard, nous retrouverons les deux cousins germains, Jean-David et Jacques-Frédéric, comme témoins du mariage de Pierre-Abraham CURIE, le second fils de Jean-David CURIE.

Jean-David CURIE avait vingt deux ans quand la Principauté de Montbéliard fut rattachée à la France en 1796. En 1795, il a épousé Catherine GIGON de Roches-les-Blamont. Nous ne possédons pas son acte de mariage. De ce mariage, naquirent à Etupes trois enfants : Pierre CURIE, le 16 août 1796; Catherine CURIE, le 10 mars 1798 (qui devait décéder dans son jeune âge) et Pierre-Abraham CURIE, le 22 janvier 1800. Toutefois, sa femme devait décéder le 4 nOvembre 1804, quatre ans après la naissance de leur dernier enfant (qui sera mon arrière-arrière grand-père). Catherine GIGON devait avoir entre vingt huit et trente ans à sa mort. Si jeune, quelle fut la cause de son décès ?

Devenu veuf, Jean-David CURIE épousa en secondes noces en 1814, Marie METTETAL. Mais qu'était-il devenu de trente à trente neuf ans, entre 1804 et 1813 , pendant ces neuf années qui ont précédé son remariage ? Cette période fut précisément la grande époque napoléonienne. Particulièrement en 1809 et 1812, ce fut l'époque où le Premier Empire connut son apogée et Montbéliard la prospérité économique.

Pendant ce temps, Jean-David CURIE eut, semble-t-il, seul la charge de ses deux enfants Pierre et Pierre-Abraham: l'aîné ayant entre sept et seize ans, et le cadet entre quatre et treize ans! Quel métier exerçait-il alors ? Nous savons par l'aîné de ses petits-fils, Pierre-Henri CURIE, que jusqu'en 1810, il fut, lui aussi, instituteur à Etupes. Reçut-il, comme sa mère veuve, Suzanne-Marie CUENOT, le concours de ses frères et soeurs, Suzanne-Marguerite, Pierre, Marguerite et Anne-Marie, respectivement âgés entre vingt deux et trente et un ans, vingt sept et trente six ans, trente deux et quarante et un ans ?

Quand Jean-David CURIE épousa Marie METTETAL qui devait avoir alors entre trente cinq et trente sept ans, l'éducation de ses jeunes enfants de son premier mariage dût s'en trouver allégée. De son second mariage, il eut deux autres enfants: Marie CURIE (qui devait épouser plus tard un "Monsieur PERDRIGUET", receveur des douanes aux Rousses), et Catherine CURIE qui épousa un boulanger d'Etupes, "Monsieur COUTHAUD").

En 1810-1811, Jean-David CURIE (alors instituteur à Etupes et pas encore remarié) acheta en rente viagère au Sieur de VIDELAUZE la perception d'Etupes.Il fut donc percepteur d'Etupes et du Haut-Rhin, puis du Doubs jusqu'en 1829. Puis, en 1829-1830, il fut nommé percepteur du Chef-lieu de Canton d'abord à Mandeure, puis à Audincourt, où il demeura jusqu'en octobre 1847. Il fut alors remplacé par Monsieur MARTIN, chef d'escadron du 1er Cuirassier à Vesoul. Pendant cette période de 1830 à 1847, il eut pour "fondé de pouvoir" son fils Pierre-Abraham CURIE, qui était alors instituteur à Echenans.

Le 30 mars 1849, à trois heures du matin, Jean-David CURIE devait s'éteindre à Etupes à l'âge de soixante quatorze ans et quatre mois "en sa maison". Ses deux enfants, Pierre, alors âgé de cinquante deux ans, instituteur communal à Etupes, et Pierre-Abraham, âgé de quarante neuf ans, commis percepteur à Audincourt, furent les témoins de son décès à la Mairie d'Audincourt. Marie METTETAL, sa seconde épouse, devait mourir dix ans après son mari, en octobre 1859.

La longue existence de Jean-David CURIE s'est ainsi déroulée sous plusieurs régimes : de la Convention Nationale aux deux premières années de la Seconde République. Depuis son premier mariage, il avait connu le Directoire, le Consulat et le Premier Empire, puis la restauration des Bourbons et le règne de Louis-Philippe.

mardi, octobre 03, 2006

LA FAMILLE CURIE DE LA REVOLUTION FRANCAISE A AUJOURD'HUI

LA PRINCIPAUTE DE MONTBELIARD A LA REVOLUTION DE 1789.

Après l'entrée à Montbéliard de Bernard de SAINTES,le 10 àctobre 1793, la Principauté avait été rattachée à la France en 1796. Mais les bourgeois luthériens de Montbéliard ne manifestèrent que peu d'enthousiasme pour la Révolution. Dans leur majorité, ils acceptèrent assez passivement les transformations révolutionnaires. La Constitution de l'An III ne recueillit qu'une faible participation électorale. A Montbéliard, il n'y eut que 113 "oui", 1 "non" et 84% d'abstentions. Les Montbéliardais furent de mauvais contribuables et refusèrent la levée en masse de la Convention, ainsi que les tentatives de conscription du Directoire.

Si le Château de Montbéliard fut épargné, transformé en hôpital militaire, celui d'Etupes fut abandonné en1792; puis en 1793, le Conventionnel Bernard de SAINTES fit mettre en vente les meubles et les biens, et le Château fut enfin démoli en 1801.

Le politique religieuse de la Convention fut très mal reçue par les habitants du Pays, qui demeuraient fidèles au Protestantisme. Après avoir été supprimé et remplacé par celui de l'Etre Suprême, le culte chrétien dut être rétabli en 1795. Le Calendrier républicain fut rendu obligatoire; les régistres paroissiaux, saisis et remplacés par l'Etat-Civil.

LE VILLAGE D'ETUPES VERS 1800.

A quelques lieues de Montbéliard, Etupes fut à cette époque (et déjà, semble-t-il, depuis plus d'un siècle) la résidence des familles CURIE, descendant de Jean CURIE et de Henry CURIE, son fils.

Depuis 1796, au moment du rattachement de l'ancienne Principauté de Montbéliard à la France, Etupes faisait partie du canton d'Audincourt (l'un des quatre Cantons qui formèrent avec ceux de Montbéliard-ville, Clairegoutte et Dessandans, le septième District de Haute-Saône).

En 1794, la population d'Etupes comprenait 387 habitants. En 70 ans, depuis 1725, elle s'était accrue de près des trois-quarts; mais elle avait connu des fluctuations importantes, dûe à la présence de la nombreuse suite de valets et d'employés du Château, atteignant 572 habitants en 1792, pour retomber, deux ans plus tard, à 387 à la suite de l'émigration de ce personnel du Prince.

"Le paysage ondulé est réellement charmant lorsque l'étranger arrivé le soir à Etupes, se réveillait le lendemain, au soleil levant, en face de ces montagnes des Vosges déjà inondées de lumière, de ces prés encore noyés dans la rosée du mzatin, où étincelait la rivière...", écrivait en 1840 l'historien local Charles DUVERNOY.

LA PHYSIONOMIE DU VILLAGE D'ETUPES AUTOUR DE 1800.

Venant d'Exincourt, on suivait alors la "Grande-Rue" (ou "Grand Chemin") où se trouvaient, sur le côté gauche, le Château et la Tournelle, pavillon construit avant le Château par le Prince de Montbéliard; puis le presbytère d'Etupes; et sur le côté droit de la rue, la "Maison de Culture" de Pierre Chenot, ainsi que des maisons de chaque côté, jusqu'au "Café", ten par le "Joyeux Tonnelier Fleury". La "Grande-Rue" empruntait la "Rue de Fesches" où étaient, en particulier, le "Temple" et la "Maison des Bergers", propriété de la Commune.

Non loin, sur la route de Fesches, qui était encore le "Grand Chemin", se trouvait un emplacement du nom "La Terrière", lieu d'où l'on avait dû tirer de la terre.

En revenant au début de la "Grande-Rue", la "Rue des Prés", sur la gauche, traversée par le ruiseau, avait "l'Auberge Koelig", la "Maison Chenot", propriétaire de la tuilerie; et au bout, "le Coin Doriot" et de nombreux vergers. Prenant la seconde rue à droite, depuis la "Grande-Rue", on trouvait la "Rue du Moulin" qui ne comportait qu'une maison d'habitation avec moulin. Plus loin encore, une propriété, "la Ferme d'Etupes" qui appartenait aux Princes de Wurtemberg; et en face, "la Maison Erba", propriété de la famille PECHIN.

Au carrefour de la "Grande-Rue" et de la "Rue Dampierre", "la Fontaine des Oies" était prolongée par la "Rue des Vignes" (actuelle rue de la Libération). Et à l'angle du "Petit et Grand Faubourg", une maison de cultivateur appartenait à une autre des nombreuses familles PECHIN. Enfin, deux lieux-dits "les Bresses" et "En Bermont" comprenant de nombreux hectares de terrain, partagés en parcelles, cédées par la Commun par ascensement pour une période de trente ans renouvelables, et moyennant une somme annuelle de quelques francs de l'époque, payables au percepteur.

Nous retenons cette citation de Louis SAHLER, historien montéliardais, de 1909 : "Au cours de quelques promenades, il nous arrive fréquemment de voir le sol en son emplacement. Est-il étonnant que là, dominant la vaste plaine qui borde la chaine bleuâtre et sinueuse des Vosges, paysage aimable, toujours le même, nous pensons au passé et au présent".