lundi, juillet 31, 2006

MA FAMILLE CURIE AU 18ème SIECLE (suite)

Avec les enfants d'Henry CURIE et de Catherine BOURGOGNE, nous entrons dans le 18ème siècle. En France, Louis XIV vivait ses dernières années, les quinze dernières années d'un règne de soixante douze ans! Louis XV devait lui succéder de 1715 à 1774; puis Louis XVI de 1774 à 1792; enfin, ce fut la Révolution française et la 1ère République. Au cours de cette même période, dans la Principauté de Montbéliard, le règne de Léopold Eberhard fut suivi de 1723 à 1793 (date de l'annexion de la Principauté à la France Conventionnelle) des trois princes qui ne résidèrent pas dans le Pays : Eberhardt Louis (1723-1733), Charles-Alexandre (1733-1737) et Charles-Eugène (1737-1793). A partir de 1769, le frère de ce dernier, Frédéric-Eugène, devait s'installer avec sa famille et sa petite Cour au Château d'Etupes qui allait être construit par ses soins en 1770.

Qu'étaient devenus les sept enfants connus d'Henry CURIE et de Catherine BOURGOGNE au moment où eut lieu le dernier dénombrement d'Etupes de 1725 ? Henry CURIE et sa femme avaient alors une soixantaine d'années et avaient encore de trois à huit ans à vivre. Lui était Recteur d'école, exerçait une activité rurale et, sans doute aussi, avait une responsabilité à la Mairie du village.

A cette époque, ils avaient perdu en bas-âge depuis neuf ans leur fille, Catherine; Jean-Pierre avait vingt neuf ans et devait mourir trois ans plus tard, le 25 juin 1728. Etait-il marié ? Pierre-Nicolas, le boucher, bourgeois de Montbéliard, avait vingt sept ans et devait épouser, le 31 octobre 1730, Catherine-Marguerite BOURGOGNE, alors âgée de vingt deux ans. Ils eurent, eux-mêmes, trois enfants : Catherine-Elisabeth, née le 16 janvier 1637 et décédée le 30 août 1773, épousa Jacques CUENOT, le 19 février 1754; Pierre-Nicolas, né le 21 mars 1741, et Jean-Pierre-Nicolas, né le 23 janvier 1747, fut laboureur et épousa avec une dispense sa cousine germaine Elisabeth-Léopoldine BOURGOGNE. Pierre-Nicolas CURIEétait également en 1740 juré à la Mairie d'Etupes, le maire étant à cette époque Jean-George PECHIN.

Un quatrième enfant d'Henry CURIE, George (qui fut mon ancêtre au 18ème siècle) avait vingt cinq ans; il devait épouser six ans plus tard, le 6 novembre 1731, celle qui fut mon ancêtre en lignée maternelle, Catherine-Elisabeth MONAMI. Enfin Anne-Catherine était encore une toute jeune fille de seize ans.

George CURIE, dit le Vieux (1700-1777)

Il fut mon ancêtre au 18ème siècle. Nous ne possédons que peu d'informations sur sa longue existence, étalée tout au long des règnes des quatre derniers Princes de Montbéliard: pendant vingt trois ans, sous celui de Léopold-Eberhard et les seize années de règne des trois derniers Princes avant la Révolution française (que George CURIE n'a pas connue). Pendant plus de la moitié de son existence (entre 1723 et 1777), la Principauté de Montbéliard traversa une période de calme relatif et de renouveau dans les domaines ecclésiastique, démographique et économique.

Tout enfant, il dut connaître, vers l'âge de neuf ans, la crise alimentaire de 1709 avec son alternance de gels et de dégels; la famine qui rebondit avec virulence, quatre ans plus tard, entre 1713 et 1714.

George CURIE épousa à Etupes, le 6 novembre 1731, Catherine-Elisabeth MONAMI. Nous retrouvons une MONAMI au 17ème siècle, Clémence MONAMI qui fut la marraine de Catherine CURIE, née le 3 septembre 1602 à Montbéliard, fille de Jean CURIE (premier du nom), le cordonnier, et de Thienne PAILLET, - et soeur de Jean CURIE (deuxième du nom), le tanneur et second mari de Suzanne DUVERNOY. Les MONAMI ont donc aussi été l'une des nombreuses familles qui ont gravit autour de la famille CURIE.

Sans doute, le cercle des familles, à cette époque, pris dans un réseau endogamique très serré, était particulièrment restreint. On dit que le Pays de Montbéliard était le "pays des cousins". Il suffit de se rappeler qu'en 1709, le village d'Etupes comprenait cent soixante six habitants, et en 1725, deux cent vingt trois, parmi lesquels vingt trois Anabaptistes réfugiés, venant d'Alsace et quarante enfants scolarisés. Avec une moyenne de cinq personnes par famille, cette population ne représentait donc pas plus de trente cinq à quarante cinq foyers !

De ce premier mariage avec Catherine-Elisabeth MONAMI, George CURIE eut deux garçons : Pierre CURIE, né le 30 octobre 1732 (qui fut de mon ascendance familiale) et Jean-George CURIE, né le 2O octobre 1736.

Catherine-Elisabeth MONAMI mourut à Etupes le 26 février 1744. Au cours des années de son premier mariage entre 1731 et 1744, George CURIE a connu une nouvelle occupation du Comté de Montbéliard, de 1734 à 1736, par les troupes du roi de France Louis XV. A cette occasion ,les trois Corps du Magistrat, ainsi que le Conseil de Régence - mais aussi les pasteurs et tous les maires et les échevins des communes rurales durent prêter serment de fidélité à Louis XV qui, par "lettres patentes", plaça le Comté de Montbéliard sous le ressort du Parlement catholique de Franche-Comté.

En 1735, le Conseil de Régence et le Tribunal de prévôté de Montbéliard furent supprimé et remplacés par un baillage royal. Le culte protestant ne fut pas interdit, mais, à leur mort, les pasteurs ne furent pas remplacés.

Les lieux conquis et confisqués ne furent restitués qu'après les préliminaires de la paix de Vienne, le 30 octobre 1735. Montbéliard fut alors évacuée et l'ancien Conseil de Régence réinstallé le 9 avril 1736. Toutefois, le traité de paix, signé à Vienne entre la France et l'Empire, le 18 novembre 1738, n'élimina pas de nouveaux actes d'intolérance de Louis XV dans plusieurs lieux du Comté, notamment en 1740 et 1741, dans les Seigneuries d'Héricourt et de Blamont, et dans les terres du Châtelot et de Clémont.

A quoi vinrent s'ajouter, d'abord en octobre 1740, des chutes de neige si abondantes que les récoltes (légumes, fruits et vignes) furent gravement endommagées; puis en décembre de la même année, par de graves inondations.

Quelques mois après la mort de première femme, George CURIE épousa, le 7 juillet 1744 en secondes noces, Elisabeth VURPILLOT. On relève que le 22 mai 1671, le Conseil de Régence de Montbéliard donna à un Jean VURPILLOT d'Autechaux, l'autorisation de construire une papeterie à Meslières dans la Seigneurie de Blamont. Etait-il un ancêtre d'Elisabth VURPILLOT ? Quelques soixante treize années plus tard, le 7 novembre 1744, nous retrouvons cette famille VURPILLOT, lors de la naissance de Jean-David CURIE, fils de Pierre CURIE, tailleur d'habits et petit-fils de George CURIE, le Vieux. En effet, sa marraine, une Françoise VURPILLOT, fille de Jean VIENOT-VURPILLOT, est la soeur de'Elisabeth VURPILLOT (L'inventaire des biens d'Elisabeth VURPILLOT le confirme).

Six mois plus tard, le 17 janvier 1745, le notaire, Jean-Frédérich DUVERNOY procéda, à sa demande, à l'inventaire des biens meubles et immeubles d'Elisabeth VURPILLOT, "femme otorisée de George CURIE d'Etupes".Le 30 janvier 1745, "George CURIE et Elisabeth VURPILLOT, mari et femme, comparurent devant le notaire pour confirmer que ces biens étaient la propriété d'Elisabeth VURPILLOT qui "les a mis et conféré en la communion de son mari en temps de leur mariage et qu'à l'égard des meubles et effets propres dudit CURIE ils se trouvent déjà portés dans l'inventaire des biens de la succession d'Elisabeth-Christine MONAMI, sa première femme, et pour ce qui est des immeubles le dit CURIE n'a pas trouvé à propos de les insérer au présent inventaire attendu qu'une partie vient incontestablement de sa première femme". (A ce jour, nous ne possédons pas l'inventaire de la succession de la première femme de George CURIE).

Le 26 octobre 1750, fut réalisé "en conséquence des ordres du noble Conseil de Régence établi pour so n Altesse Sérénissime de Montbéliard" et "assisté du maire du lieu (Etupes) avec plusieurs particuliers" l'inventaire des vignes d'Etupes. George CURIE, qui avait alors cinquante ans, était veuf depuis six ans de sa première femme et il était remarié à Elisabeth VURPILLOT. Ses deux enfants de son premier mariage vivaient au foyerr : Pierre avait dix-huit ans et Jean-George quatorze ans. George CURIE a--t-il eu des enfants de son second mariage ?

Cet "état des vignes d'Etupes" de 1750 nous fournit quelques informations sur les biens de la famille CURIE et alliés, à cette date : Anne CURIE, soeur d'Henry CURIE, alors veuve de Jean BOURGOGNE, le bonnetier, possédait à Etupes une vigne d'un "coupot" (environ 3 ares 14), cultivée en partie comme jardin. Pierre BOURGOGNE, le Vieux, beau-frère d'Anne CURIE, possédait un demi-coupot inculte. Pierre-Nicolas CURIE, le boucher, fils d'Henry CURIE, possédait un "coupot", planté en partie d'arbres. George CURIE y avait un "coupot" planté en partie d'arbres. Enfin, George VURPILLOT, vraisemblablement le frère d'Elisabeth VURPILLOT et de Françoise VURPILLOT, y possédait trois "coupots", plantés en partie d'arbres.

Par une requête qu'il avait présentée le 20 avril 1766 à "Messieurs les Maires et Neuf Bourgeois jujrés de la ville de Montbéliard", nous savons que George CURIE, le Vieux, était "bourgeois forain", c'est-à-dire ne résidant pas à Montbéliard. Ce document nous apprend aussi que, vers l'âge de soixante ans, il eut un grave accident; il fit une chute qu le laissa "estropié et hors d'état de pouvoir gagner sa vie avec deux garçons qui lui avait été laissé orphelin de leur mère, dans un âge assez tendre, cependant ayant avec le secours de la providence les élevés chrétiennement et leur apprendre chacun une profession..."

Ce document laisse entendre clairement que les deux frères Pierre et Jean-George, qui avaient respectivement à cette époque trente quatre et trente ans, et qui étaient "tailleurs d'habits" à Etupes, retardèrent leurs mariages pour venir en aide matériellement à leur père. "Ils sont encore tous deux actuellement dans le célibat..." En effet, Pierre CURIE (mon ancêtre) devait se marier un mois plus tard, le 24 mai 1766.

George CURIE, le Vieux, qui avait déjà obtenu d'autres remises d'impôts ("comme dès le malheur du suppliant, il a toujours plu à votre Bourgeoisie d'exempter par charité le suppliant des droit de non-résidence et d'autres droits imposés par votre Bourgeoisie") supplie les autorités montbéliardaises de l'exempter définitivement de ces droits jusqu'au moment où ses deux fils, une fois installés chacun à leur compte, pourront à nouveau s'en acquitter, sous peine de perdre alors les avantages de leur statut de "bourgeois de Montbéliard". "...Lors que ses deux fils auront formé leurs économies séparées, ils seront obligés de payer ou de renoncer à leur droit de Bourgeoisie..."

Ainsi, George CURIE, le Vieux, semble avoir connu, au moins dans les quinze dernières années de sa vie, sinon la misère, du moins des jours difficiles avec peu de biens et complètement dépendant.

A l'âge de soixante dix ans, George CURIE, le Vieux, a néanmoins assisté à la contructiion du Château d'Etupes. Au cours des sept dernières années de son existence, a-t-il alors reçu des échos de la petite Cour du Prince Frédéric-Eugène ? Ce Château d'Etupes, construit en 1770, qui devait être abandonné vingt et un ans plus tard (puis qui fut détruit), reçut les plus grands noms du Wurtemberg, des hôtes princiers, dont le futur Tsar PAUL Ier, qui épousa en 1776, la fille du Prince de Montbéliard, Sophie-Dorothée, qui avait passé ses années de jeunesse à Etupes. Le Château d'Etupes vit passer aussi d'anciens soldats, do nt le père de Geeorge CUVIER, des bourgeois, de jeunes officiers français en garnison à Belfort, le fabuliste FLORIAN, etc....

Pourtant, George CURIE, le Vieux, qui mourut à Etupes le 21 août 1777, dut-il vivre assez loin - sinon géographiquement - de ces fastes princiers !...

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