lundi, juin 26, 2006

L'EGLISE ET L'ETAT A GENEVE AU TEMPS DE CALVIN

Avant l'arrivée de Calvin.

Politiquement et religieusement, Genève fut au XVème siècle et jusqu'en 1526, dépendante des princes de Savoie; c'est-à-dire sous l'influence du catholicisme romain. L'Evêque était le souverain de la cité. En 1526, par l'établissement de la combourgeoisie des trois cantons suisses de Genève, Fribourg et Berne, Genève obtenait l'indépendance par rapport aux princes de Savoie.. La Cité était alors gouvernée par le Conseil des Deux Cents, et jusqu'en 1535, elle subit très fortement l'influence bernoise. Par la suite, cette influence fut, même, une des raisons de Conflits entre Calvin et l'Etat genevois.

A la révolution politique devait bientôt succéder la révolution religieuse. En juillet et août 1535, avec l'appui de Guillaume Farel, les églises furent prises par les Evangéliques. Le 10 août 1535, la messe fut interdite; le Conseil des Deux Cents fit détruire les images et sécularisa les biens du clergé. L'autorité de l'Etat se substitua à celle des anciens pouvoirs ecclésiastiques.

Le 21 mai 1536, le Conseil Général de Genêve décidé de vivre "sous la loi évangélique", qui devenait loi fondamentale de l'Etat (Constitution, dirions-nous en langage moderne). L'interprète en était le Conseil Général. Selon cette loi, la fréquentation du sermon était obligatoire sous peine de bannissement; les adultères et les débauchés étaient également punis. Le domaine religieux et l'ordre moral étaient ainsi entre les mains de l'Etat. Genève passait en quelques années de la théocratie romaine à la césaropapie protestante, de la toute-puissance de l'Evêque à la toute puissance de l'Etat. Telle était la situation de la Cité de Genève lorsque Guillaume Farel pria fortement Calvin, de mpassage à Genève en 1536 (et qui n'avait l'intention d'y séjourner qu'une nuit) de demeurer auprès de lui.

Calvin et l'Etat de Genève.

La présence du Réformateur dans la Cité suisse allait transformer les rapports entre l'Eglise et l'Etat. La forme de ces rapports dépendit souvent de la personnalité des magistrats élus dans les Conseils. Aussi, est-il utile de préciser en particulier l'influence des divers "partis" politiques sur la Réforme genevoise. En effet, selon que le parti prépondérant au gouvernement était favorable ou hostile à Calvin et au Consistoire, différents furent les rapports entre l'Eglise et l'Etat.

-- Quelle fut l'influence des partis politiques dans la Réforme de Genène ? Remarquons d'abord qu'à cette époque le "parti" n'avait pas la rigidité des partis politiques contemporains. Ils n'avaient ni doctrine ni discipline fixes. C'était plus une tendance qu'une doctrine qui regroupait un certain nombre de personnalités. D'autre part, par l'existence de ces "partis" (et même par les influences extérieures à Genève, bernoise, en particulier) , la Réformation ne fut jamais mise en cause à Genève. Les Anabaptistes eux-mêmes et les diverses tendances hétérodoxes ne menacèrent jamais le principe fondamenal de la Réforme.

-- Le parti de l'indépendance. Ce fut celui des patriotes, dont le chef fut d'abord Besançon Hugues (1527). Il lutta pour l'indépendance à l'égard du parti savoyard (le parti catholique). Il était composé par les Bourgeois de Genève, et il rechercha l'alliance des Ligues suisses : ce qui permit la révolution politique et l'établissement de la Combourgeoisie de Genèe-Fribourg-Berne. Dès 1527, ce parti prit la direction du gouvernement genevois. Il créa le Conseil des Deux Cents à côté du Petit Conseil. Il se tourna de plus en plus du côté de Berne qui, à son tour, nourrissait l'espoir de substituer son protectorat sur Genève à celui de l'Evêque. Sous l'égide de ce parti (d'abord de l'indépendance à l'égard de la Maison de Savoie) , Genève entra dans les voies de la Réforme, grâce à l'appui de Berne qui avait déjà adopté la Réforme.

Dès 1534, le parti de l'indépendance et le parti évangélique fusionnèrent. Du 23 juillet au 8 août 1535, il devint un véritable parti révolutionnaire, dont le chef fut Guillaume Farel. En effet, tandis que le Conseil de l'époque hésitait, les "Evangéliques" s'emparèrent successivement de la Madeleine, de Saint-Gervais, de l'Eglise des dominicains et de la cathédrale Saint-Pierre. Le 10 août, le Conseil décréta l'interruption de la messe et la sécularisation des biens du clergé. La révolution religieuse fut donc en même temps une révolution politique. Elle entraîna, en effet, la fin de l'hégémonie de l'Evêque et celle du parti savoyard. Après avoir choisi entre Berne et Fribourg, cette révolution gagna Genève. La Réformation est née alors d'un besoin d'affranchissement politique.

Le nouveau régime fut un régime de pleine césaropapie. Il donnera naissance au parti de Jean-Philippe, qui fut le prolongement du parti de l'indépendance et de l'autorité absolue de l'Etat.Une fois la Réforme établie à Genève, le nouveau problème fut le suivant : qui interprètera et appliquera la loi nouvelle, "la loi évangélique". Autour de cette question naquirent deux nouveaux partis : le nouveau parti de l'indépendance (cette fois, à l'égard de l'Eglise nouvelle, dirigée par Calvin et Farel): le "parti des artichauds", qui fut celui des patriotes ("artichauds" = ceux qui avaient signé à Berne des ARTICULI) - et le "parti des Guillermins", appuyait Calvin et sur lequel Calvin s'appuyait.

-- Le parti de Jean-Philippe, dit parti des Artichauds. Ce fut la parti césaropapiste et bernophile, qui représenait la tendance allemande de la Réformation<; Il comptait parmi ses chefs, des hommes de bien, dont le mot d'ordre était : "personne ne dominera sur ma conscience". Ils furent des patriotes ombrageux aux tendances autoritaires qui, en réaction à la domination de l'Evêque, voulaient la suprématie absolue de l'Etat. Aux élections de février 1538, ce parti obtint la magistrature des Quatre Syndics. Ils n'étaient pas hostiles à la Réformation, mais souhaitaient des mesures disciplinaires instituant un gouvernement spirituel de l'Eglise. Au nouveau gouvernement, ce parti provoque, sous l'impulsion des plus violents et sous l'influence de Berne, le départ de Calvin et de Farel. Entre 1538 et 1539, le gouvernement de Genève fut ainsi sous l'autorité du parti des "Artichauds". Le 10 juin 1540 vit la fin fin de ce parti après l'exécution de son chef Jean-Philippe, condamné à mort comme meurtrier et séditieux.

-- Le parti des Guillermins (partisans de Guillaume Farel). Il appuya les Réformateurs, parti de la Réforme française; mais pour les "patriotes" genevois, il fut le "parti de l'étranger". Il fut porté au pouvoir pour la première fois le 5 février 1537, par l'élection des Quatre Syndics favorables à Calvin. Sous ce gouvernement, les deux pouvoirs (civil et ecclésiastique) se trouvèrent en harmonie. Mais l'année suivante, ce parti connut un échec; les quatre nouveaux syndics furent du parti opposé. Sous le régime des "Guillermins", la "Confession de foi jurée" devint la loi d'Etat. Après une éclipse de trois ans, le parti des Guillermins reprit le pouvoir. Calvin fut rappelé à Genève, après un exil de deux année Strasbourg. Au cours de la période de 1540 à 1545 (sauf quelques rares frictions sur des questions secondaires), les principes calviniens des rapport entre l'Eglise et l'Etat furent appliqués, dans lesquels l'Etat est "aide nécessaire de l'Eglise" et où l'Eglise maintient l'autorité de la Parole de Dieu dans la doctrine et dans les moeurs. Pendant cette période, l'Eglise de Genève fut organisée en pouvoir spirituel distinct du pouvoir politique. Calvin fit promulguer en 1541 les "Ordonnances ecclésiastiques" qui devaient "réduire en bonne forme le gouvernement spirituel tel que notre Seigneur l'a démontré et institué en sa parole". "L'Eglise - écrit M.Choisy - fondée sur l'autorité de la Parole de Dieu est armée d'une règle disciplinaire, elle exerce un gouvernement spirituel, elle travaille et veille au maintien de la pure doctrine, à l'instruction de la jeunesse en vue de l'avenir, et au soulagement des pauvres".

Les "Ordonnances" reconnaissent la suprématie du Conseil sur les ministres en tant que fonctionnaires publics. Elles affirment l'indépendance absolue des deux pouvoirs. "Dès lors, le système théocratique en vigueur à Genève n'est plus césaropapiste, c'est un système où l'indépendance de l'Eglise est sauvegardée, en un mot c'est le système théocratique de Calvin" (Choisy).

Pendant cette période de 1540 à 1545, le "Consistoire" est définitivement organisé. Son rôle est de "reprendre d'après la Parole de Dieu", de poursuivre les opinions doctrinales erronées, de veiller à la fréquentation régulière des services religieux, d'admonester les délinquants (joueurs, débauchés, querelleurs, etc..), de réconcilier les familles divisées. C'est à lui aussi que revient de le "droit d'excommnication". Le "Magistrat" est une "aide nécessaire" du "Consistoire" pour prêter main forte en cas d'opiniatreté des délinquants.

En outre, le "serment des pasteurs" est établi le 10 juIllet 1542. Il souligne le respect dû aux représentants du pouvoir politique et la liberté du "ministre" d'enseigner selon le commandment de Dieu. Les pasteurs doivent donc obéissance aux magistrats dans le domaine civil, mais ils sont indépendants dans le domaine spirituel. La difficulté réside, précisément, dans les limites de cette liberté. Selon Calvin, "le pouvoir politique doit organiser l'Eglise d'après les directions que lui donnent les ministres, selon la Parole de Dieu dont ils sont les interprètes" (Choisy).

-- Les "Ordonnances sur le régime du peuple" sont aussi édictées pendant cette période, par le "Conseil", sous l'inspiration de Calvin et de Michel Roset. Elles affirment la légitimité du "Magistrat", le maintien de l'honneur de Dieu et l'indifférence de la forme de gouvernement.
Quelques résistances, provoquées par le fonctionnement spirituel de l'Eglise (affaire Castellion) amenèrent une unité renforcée du programme calvinien : obligation de l'assistance au culte strictement appliquée; avis de Calvin au Conseil en matière civile (prêt à intérêt, organisation de l'hôpital); invocation divine aux élections.

De 1545 à 1553, Guillermins et Calvinistes connurent un recul avec la réapparition du parti anti-disciplinaire de Ami Perrin. Mais à partir des élections de février 1555 où Qautre Syndics favorables aux calvinistes furent au pouvoir, la conception calvinienne des rapports entre l'Eglise et l'Etat triompha de nouveau, surtout à partir du 16 mai 1555, date de la répression de l'agitation perriniste et de l'exécution d'Ami Perrin. Genève devint dès lors le centre international de la Réforme. Des réfugiés français y affluèrent. Ce fut aussi la création de l'"Universite".

L'Eglise et l'Etat sont unis intimément, mais distincts, utilisant des moyens différents: ce sont deux pouvoirs coordonnés, agissant sur une société unique au service d'une autorité unique : Dieu! L'Eglise enseigne, éduque; elle est conseillère et censeur. L'Etat veille sur la disicpline, sur l'ordre extérieur. Il est le surveillant et le pacificateur.

-- Le parti des Perinnistes. Il ne forme pas vraiment un quatrième parti, mais plutôt une forme nouvelle du parti des "Artichauds" ou des anti-disciplinaires. Son influence couvrit la période de 1546 à 1555 environ. La question de la discipline fut pendant toute cette période ce qui opposa le plus fortement Calvin et le Consistoire au Gouvernement: en particulier le "droit d'excommunication". Ami Perrin fut l'un des plus zèlés instigateurs de la Réforme à Genève. Mais au cours du procès d'Ameaux, il avait dansé en compagnie de sa femme, fille de l'ancien conseiller François Favre. Calvin estimant que la discipline était aussi valable pour les grands que pour le commun peuple, fit emprisonner Ami Perrin pendant trois jours. Celui-ci récidiva, et il donna son appui au parti anti-disciplinaire et rompit avec le Réformateur.

Les élections de février 1547 furent défavorables à Calvin, et les sujets de friction allaient se succéder. Cependant, la question de l'excommunication, son développement et son dénouement mérite attention. Elle fut posée de manière précise dès 1547 à propos du renvoi au Consistoire des condamnés civils. Les amis de Favre soutenaient une thèse essentiellement juridique, affirmant que les édits ne mentionnaient pas le cas explicitement. Le "Conseil" décida, cependant, la libération des coupables repentants après l'accomplissement de leur peine. Seuls, les rebelles seraient renvoyés au Consistoire. Par contre, le "Consistoire" voulait que les oupables soient admonstés ou excommuniés sans passer par le pouvoir civil. Calvin menaça de quitter Genève une seconde fois. Pour éviter une nouvelle rupture, le "Conseil" établit un compromis : il maintint son arrêté mais renvoya Favre au Consistoire.

En février 1553, les Perrinistes triomphèrent aux élections. Perrin fut élu Premier Syn dic et Capitaine Général. La question du droit à l'excommunication fut à nouveau posée à propos de l'affaire Berthelier. Le 1er septembre 1553, le Conseil autorisait Berthelier à participer à la sainte-cène; mais le lendemain, Calvin fit savoir au Conseil qu'ikl refusait. Le 3 septembre, il déclarait en chaire, à l'issue de la prédication :" Et maintenant, si quelqu'un se voulait ingérer à ceste sainte table à qui il serait défendu au Consistoire, il est certain que je me montrerai pour ma vie tel que je dois". Le 7 novembre 1553, le Conseil des Deux Cents réuni, décidait que les coupables ne seraient pas renvoyés une seconde fois au Consistoire; il interdisait aussi au Consistoire de refuser la sainte-cène sans l'avis du Conseil. Cette fois encore, le Consistoire ne voulut pas se soumettre à cet arrêté. L'avis des autres Eglises suisses fut alors sollicité. Sans vouloir contredire Calvin, elles se montrèrent implicitement favorables aux droits du pouvoir politique. De nouveau, le Conseil temporisa; le 2 février 1554, il offrit un dîner où Calvin, Perrin et Berthelier devaient se réconcilier.
Ce rapide aperçu de la question de l'excommunication montre qu'elle fut une des causes essentielles de la lutte des deux pouvoirs à Genève; et jusqu'à l'écrasement des Perrinistes le 16 mai 1555 et la victoire définitive des Calvinistes, elle ne fut résoule que par des compromis.

Il importe de relever un autre fait important: c'est au cours de la période perriniste qu'eurent lieu d'importants procès: ceux de Trollet, de Gruet et surtout de Michel Servet. Lors du procès de Servet, les Perrinistes qui avaient, sans doute, secrètement espéré faire échec à Calvin en comptant sur l'appui des autres Eglises suisses, n'osèrent pas, devant l'approbation de celles-ci à une condamnation éventuelle de Servet,sauver l'hérétique, dont le caractère d'hérésie était trop évident.

En février 1555, quatre syndics calvinistes furent élus. Les Perrinistes tentèrent de reconquérir le pouvoir pat la violence. Cependqant, après l'émeute du 16 ami, fomentée par les Perrinistes, une information judiciaire fut ouverte contre les agitateurs, et Ami Perrin et ses amis furent exécutés. C'était la fin du Perrinisme et la victoire des Calvinistes qui, désormais, restèrent seuls au pouvoir.Ce fut alors, la période de l'union des deux pouvoirs, civil et religieux.

Calvin a donc reconnu la validité des pouvoirs constitués, même quand ceux-ci l'ont obligé à s'exiler de la Cité. Toutefois, l'existence de l'Eglise est distincte de celle de l'Etat. Ce fut à cette fin que fut créé le "Consistoire". Mais l'Eglise demeure unie à l'Etat qui protège la religion et la saine doctrine. Il intervient dans les divers procès d'hérétiques.

Ainsi, quelles que furent les imperfections, parfois les scandales, de la vie poligtico-religieuse de Genève, la forme du gouvernement connut un très sensible progrès sur les autres formes contemporaines de l'Etat. Ce n'est pas un abus de langage quand Calvin, parlant du régime de Genève, le déclara un "régime de liberté". C'est, affirmait-il, "un don singulier qu'une telle liberté" ! (Op.Calv.XXVII,410)

Pierre Curie (Extraits d'un Mémoire présené en 1949 à la Faculté de théologie protestante de Paris : "Les rapports entre l'Eglise et l'Etat chez Calvin)

samedi, juin 24, 2006

LA CLARTE ET L'ESPACE


J'aime la clarté et l'espace avec passion, comme j'aime la liberté, comme un besoin de plaisirs. Ces deux choses vont ensemble. Je vois la clarté avec des yeux émerveillés; mes pieds dansent dans un espace vaste et clair. Mon cerveau réfléchit en toute tranquillité. Et mes idées sont comme le flux et le reflux de la vaste mer.

La clarté, c'est une pièce blanche et vaste qui baigne dans le soleil, qui passe par de larges fenêtres ouvertes. Le sombre et l'étriqué m'effraient. Je ne peux plus penser; je suis terrifiée. Je n'ai plus d'idées. Je vois tout en noir; tout est sombre, petit, inutile.

Je n'aime pas le soir où tout est froid; où même les lumières de la ville ne me réchauffent pas.. Mais quand l'aurore apparaît, je me sens déjà mieux et je peux penser. Et quand le jour arrive, j'aime me promener dans la garrigue; là où tout est vaste, où le soleil domine, et les cigales m'accompagnent dans mes promenades!

Florence (ma petite fille) Champigny-sur-Marne (17 février 1993)

dimanche, juin 18, 2006

ENFANTS SANS PAPIERS...


Quand la loi est injuste, à qui obéir ?....

... Pour les croyants ..à Dieu : "Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu"!

...Pour les non croyants... à leur conscience !

Lu dans le Monde du 17 juin 2006 : "Désobéissance civile".

"Un jour, il y a dix ans, un élève l'aborde (Richard Moyon, enseignant à Chatenay-Malabry) en tremblant à la fin d'un cours, lui montre 'l'invitation à quitter le territoire' qu'il vient de recevoir. Elèves et professeurs se mobilisent, font le siège de la Préfecture. Issa, mauritanien en 1996, est aujourd'hui français, père de deux petites Françaises, et commercial dans une PME. Entre temps, Richard Moyon a soulevé des montagnes pour empêcher l'expulsion de dizaines d'élèves..."

"Mère de trois enfants, Valérie Tranchand n'avait jusqu'alors jamais milité. Par deux fois, elle a pris sous son aile un 'enfant caché' de l'école Victor Hugo. Désobéissance civile ? ..On doit respecter la loi, mais pas n'importe quelle loi. On peut être amené à désobéir à des lois injustes", a-t-elle expliqué à ses enfants...Je n'ai pas tout d'un coup eu le sentiment d'être une révolutionnaire, mais simplement de suivre ma conscience".

jeudi, juin 15, 2006

RAYMOND DEVOS,LE FUNAMBULE DES MOTS A REJOINT SON IMAGINAIRE..


Si ma femme doit être veuve un jour, j'aimerais mieux que ce soit de mon vivant".............

- "Une fois rien, c'est rien; deux fois rien, c'est pas beaucoup; mais pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose, et pour pas cher".

- "Dès que le silence se fait, les gens le meublent".

- "Il paraît que quand on prête l'oreille, on entend mieux. C'est faux! Il m'est arrivé de prêter l'oreille à un sourd. Il n'entendait pas mieux."

Un jour de 1956, Devos demande dans un restaurant où se trouve la mer. "Vous ne pouvez pas la voir aujourd'hui (lui répond le garçon), elle est démontée." - "Et vous la remontez quand?" ,rétorque-t-il.

- "Un croyant, c'est un antiseptique" !............

jeudi, juin 08, 2006

MA FAMILLE CURIE AU 17ème-18ème SIECLES

JEAN CURIE (3ème du nom) - 1636-1714

A MONTBELIARD.
Jean CURIE (3ème) serait né à Montbéliard le 24 décembre 1636, quatrième enfant de Jean CURIE (2ème du nom), le tanneur et d'Anne CUCUEL. Dès 11 ans à la mort de sa mère, il vécut au nouveau foyer de son père et de sa belle-mère Suzanne DUVERNOY au sein de la tannerie familiale.

Le 29 mai 1660, deux mois avant le décès de son père, Jean CURIE (3ème) épousa Suzanne COLIN, la fille aînée de sa belle-mère (n'ayant aucun lien de parenté avec elle). A Montbéliard, sont nés leurs six enfants : Jean-Pierre CURIE (le 5 août 1661); Marie CURIE (le 30 décembre 1663); Henry CURIE (le 18 décembre 1665); Suzanne CURIE (le 7 avril 1671); Anne CURIE (le 31 octobre 1673) et Catherine CURIE (le 18 septembre 1677).

A la mort de son père, Jean CURIE (2ème) qu'est devenue la tannerie ? Pour répondre à cette interrogation, revenons à Suzanne DUVERNOY, sa seconde épouse qui, désormais, devait orienter l'avenir de notre famille CURIE. Qu'était-elle devenue après le décès de son second mari et après le mariage de sa fille, Suzanne COLIN, avec le fils du premier lit de son second mari Jean CURIE (2ème) ? Deux documents nous ont apporté une réponse.

-- Le testament de Suzanne DUVERNOY. Le 4 juin 1677, Suzanne DUVERNOY, alors malade et croyant sa fin prochaine, rédigea son testament selon la structure luthérienne.Nous retiendrons, ici, les paragraphes cinquième, sixième et septième.

Le cinquième paragraphe est spécialement consacré à son fils Nicolas COLIN qui a eu, semble-t-il, un statut familial particulier. En effet, sa mère déclarait à son sujet : "Et comme dès l'aage de deux ans, j'aurois été chargée en divers temps assez rudes et fâcheux, de la nourriture, entretien et éducation de Nicolas COLIN, mon fils que j'aurois eu dans un premier mariage avec fut Jean COLIN son père pour l'hoirie duquel j'auroy encore payé de mes propres biens des debtes assez considérables, à la restitution de quoy je ne pourrois jamais parvenir tous les biens par luy délaissés, ou ceux que le dit Nicolas pourroit espérer de moy n'y pouvoyent suffire, cependant pour le bien de paix, je lui quitte et remets le tout, et ne veux qu'il en puisse être recerché à quelque cause et moyen que ce soit, luy donnant en outre et dabondant une somme de cinquante escus à trois francs pièce, qui leur seroit délivrés en main propre ou à ses enfants et héritiers, moyennant laquelle je veux qu'il se tienne pour content et satisfait de tout ce qu'il pourroit esperer de moy, mesme sans pouvoir recercher mes autes enfants d'aucun compte ny restitution des biens de leur père, puisque comme dit en ma conscience, il n'y en a point, demeurant courte et amère de ceux que je pourrois avoir en l'hoirie de son père. Et en tant il voudroit quereller, inquiéter et molester mes dits enfants, et contrevenir à cette mienne volonté, je veux que les dites remissions n'ayant aucun lieu, l'instituant seulement mon héritier particulier en sa légitime puisqu'ainsy ma plut et me plait".

En 1677, lors de la rédaction du testament de sa mère, Nicolas COLIN, son fils cadet de son premier mariage avec le tanneur, Jean COLIN, avait 36 ans. Il était marié et avait des enfants. Il semblerait qu'il ait alors réclamé à sa mère la part d'héritage qui auait dû lui revenir sur les biens laissés par Jean COLIN, son père, à son décès en 1647, et alors que lui-même, n'avait alors que six ans. On pourrait supposé aussi qu'il avait suspecté sa soeur aînée, Suzanne COLIN, mqariée à Jean CURIE (3ème) et ses deux autres demi-frères, Pierre CURIE et George CURIE, qui à l'époque du testament avaient respectivement 29 et 23 ans, d'avoir cherché à détourner cet héritage à leur profit, et qu'il se soit même montré agressif à leur égard.

Suzanne DUVERNOY remit alors les choses au point. L'héritager de feu Jean COLIN était grevé de dettes importantes qu'elle avait dû éponger sur ses propres biens en s'endettant elle-même. Puis, elle mentionne qu'elle s'est chargée de la "nourriture, entretien et éducation" de son fils Nicolas COLIN, "dès l'âge de deux ans". Néanmoins, dans un souci de paix familiale, elle a tenu quitte Nicolas de tout ce qu'elle aurait pu exiger qu'il lui rembourse; enfin, elle lui lègue à titre d' "héritier particulier" une somme de cinquante écus à trois francs forts de Montbéliard, pour lui-même et pour ses enfants. Alors, qu'il s'en tienne définitivement pour "content et satisfait" sans importuner davantage ses autres enfants.

Le sixième paragraphe est très bref. Suzanne DUVERNOY y déclare léguer à sa petite-fille Marie CURIE (fille de Jean CURIE, troisième) son "lit tel qu'il est, afin qu'elle aye mémoire et souvenir de moy".

Enfin au septième paragraphe, Suzanne DUVERNOY institue pour ses "vrays et légitimes héritiers", Jean CURIE (troisème) et sa fille aîne Suzanne COLIN (notamment, parce que sur leurs propres deniers, ils se sont chargés d'une dette de cent écus que leur mère avait récemment contractée auprès d'un certain Antoine PAREND, et ses deux fils de son second mariage avec Jean CURIE (deuxième) : Pierre et George CURIE, âgés respectivement en 1677 de 29 et 23 ans, et auxquels elle lèguait à chacun un tiers de ses biens "meubles et immeubles."

-- Quel métier, Jean CURIE (troisème du nom) a-t-il exercé à Montbéliard ? S'il est vraisemblable que la tannerie familiale a été gérée par Jean CURIE (troisième du nom) avec sa belle-mère, Suzanne DUVERNOY, après le décès de son second mari, Jean COLIN, en 1660, il est possible de faire l'hypothèse suivante à propos de la vente aux enchères effectuée entre le 27 mars 1693 et le 1er août 1696 : Jean CURIE (troisième) et son épouse, Suzanne COLIN, avaient été entièrement ruinés, puisque la tannerie "située aux Tanneries" entre "Jacques MASSON, teinturier, et les héritiers de feu Marc SCHOR, chamoyeur, bourgeois de Montbéliard, fut adjugée le 27 mars 1693 pour deux cent vingt francs forts à l'Honorable Jacques DELAUNAY, tanneur, bourgeois de Montbéliard" qui devait résider "derrière" la tannerie de Jean CURIE (troisième). Seul, Pierre CURIE, fils aîné du second mariage de Suzanne DUVERNOY, et demi-frère de Jean CURIE (3ème) racheta la maison familiale à un étage de la rue Surleau pour cinq cent cinquante cinq francs forts, ainsi qu'un champ de six quartes (= 37,68 ares) pour trente cinq francs forts. Pourquoi n'a-t-il pas plutôt racheté la tannerie de son demi-frère, laquelle avait été adjugée moitié moins que la maison familiale ? Sans doute, parce que, lui-même tanneur de profession, possédait sa propre tannerie!

Il est donc permis de supposer qu'à partir de 1693, Jean CURIE (3ème) et Suzanne COLIN, son épouse, avaient abandonné le métier de tanneur à Montbéliard et recherchaient ailleurs une situation nouvelle.

--- A EXINCOURT...

A partir de quand, Jean CURIE (3ème) et son épouse Suzanne COLIN ont-ils quitté Montbéliard pour s'installer à Exincourt ? Il est possible de dire que ce fut entre 1677 (date de la naissance de leur dernier enfant à Montbéliard) et 1705 (date où ils ont été recensés à Exincourt). La date de 1693 se trouve, en effet, dans cette fourchette! Par exemple, le fait que leur fils Henry CURIE (mon ancêtre direct) se soit marié à Etupes en 1693, laisse entendre que son père était déjà installé à Exincourt. De même, leur quatrième enfant, Suzanne CURIE (qui avait 21 ans en 1692) est selon le dénombrement effectué à Exincourt en 1705, alors mariée à Jean GAINAN, d'Exincourt, précisément.

La date de 1693-1695 peut donc vraisemblement être retenue pour établir le moment de l'installation à Exincourt de Jean CURIE (3ème) et de Suzanne COLIN qui auraient été dépossédés de la tannerie de Montbéliard par la vente du 27 mars 1693. Ils avaient, alors, tous les deux 57 ans en 1693. Lors du dénombrement d'Exincourt de 1705, Jean CURIE (3ème) avait 69 ans,et il est mentionné comme "maître d'école". Avait-il un autre métier ? ou bien, comme beaucoup de villageois d'alors, cultivait-il, en outre, un terrain pour subsister ?

Dès 1559, le prince Frédéric 1er de Montbéliard avait promulgué l' "Ordonnance ecclésiastique rendant obligatoire l'Instruction publique pour garçons et filles dans chaque localité de la Principauté. Tout le monde doit savoir lire". Dans les écoles populaires paroissiales, on apprenait aux garçons et aux filles de six à quatorze ans, en français, à lire, à écrire et à compter, ainsi que le catéchisme et le chant des psaumes. Cependant, l'enseignement n'était dispensé que dans les chefs-lieux des paroisses et dans quelques annexes. Les Maîtres d'écoles étaient étroitement surveillés par les pasteurs; et à l'époque, les instituteurs, médiocrement qualifiés et mal rétribués, devaient rechercher un autre métier pour vivre. La guerre de Trente Ans avait anéanti cet essor scolaire, et le duc Léopold Frédéric avait dû avec de faibles moyens après 1660 commencer à reconstruire et à recruter des instituteurs dans tous les villages. Puis, le prince George II (1662-1698) développa cette entreprise de reconstruction. Les maîtres furent alors engagés par les communautés et tenus de chanter à l'église et de sonner les cloches.
L'enseignement donné en français, qui était toujours limité aux rudiments de lecture, d'écriture et de catéchisme, n'était dispensé que de la Saint-Martin aux Rameaux; et les maîtres avaient toujours une autre activité. Le patois était la langue courante des habitants de Montbéliard et de la campagne environnante; et le français, la langue de la Réforme et des élites : des princes et des bourgeois, des pasteurs et des maîtres d'école. Ces deux derniers furent les artisans de sa diffusion.

Ainsi, Jean CURIE (3ème), Maitre d'école à Exincourt et bourgeois de Motbéliard a occupé, semble-t-il, un certain statut social en son temps. Il a vécu sous les règnes successifs des pri ces Léopold Frédéric (1631-1662), Georges II (1662-1669) et la plus grande partie de celui de Léopold-Eberhard (1669-1723). Il dut, comme ses parents, connaître une existence, à la fois riche et agitée. Jusqu'à son mariage à 24 ans, il connut le temps de la détresse; il vécut une bonne moitié de la période troublée de la Guerre de Trente Ans. Il est né en pleine période de peste noire (1625-1637); mais il eut la chance de survivre. Déjà, à 9 ans, il connut la grande famine de 1643, et à 14 ans, la fin de la Guerre de Trente Ans en 1650.

Après son mariage avec Suzanne COLIN, alors maître d'école à Exincourt, il vécut avec les siens sous le règne du prince George II, homme pieux et dévôt, qui en dépit d'une reprise du commerce et de l'artisanat, fut malheureux dans la Principauté. Entre la fin de 1676 et le mois d'août 1679, l'armée française de Louis XIV occupa le Comté, faisant de grands dégâts dans le Pays, incendiant les maisons, saisissant biens et bestiaux; elle désarma et licencia la garnison de Montbéliard, tenta de démlir la Citadelle, se saisit des temples, rétablissant le culte catholique; elle rançonna la population. Dans tout le Pays, la confusion règna : "Nous sommes ici comme des brebis égarées et comme un navire sans pilote. On y vit comme du temps des Juifs, lorsqu'ils n'avaient point de Chef : chacun fait ce que bon lui semble. Il y a deux factions, l'une enfaveur des Français, ce qui cause bien du désordre et du scandale; les prédicateurs, pareillement quand ils fulminent de la Chaire contre les vices en général, sont insultés par ceux qui se croient offencés, tellement que l'on ne s'amende point, faute de chatoy; ... et chez quelques ministres, la vie est si déréglée que c'est un scandale".

A quoi vinrent s'ajouter le 2 mai 1682 un nouveau tremblement de terre entre deux et trois heures du matin à Montbéliard et dans la région avoisinante; et des inondations en janvier 1689, puis à nouveau en 1692.

L'occupation militaire ne prit fin qu'au traité de paix de Ryswick, le 30 octobre 1697 (Jean CURIE,3me, avait alors 61 ans), qui restitua la souveraineté du Comté de Mont béliard aux malheureux duc George II qui devait mourir moins de deux ans plus tard, le && juin 1699. Après le règne de George II, Jean CURIE (3ème) connut quelques-unes des années du règne décrié de son successeur le prince Léopold-Eberhar (1699-1723).

---A ETUPES.

Leurs dernières années, Jean CURIE(3ème) et son épouse Suzanne COLIN les vécurent à Etupes, où ils sont morts l'un et l'autre. A partir du dénombrement de 1713, nous retrouvons, en effet, Jean CURIE (3ème) et Suzanne COLIN, âgés, respectivement de 80 ans et 78 ans à Etupes. Vers la fin de leur vie, ils résidèrement vraisemblablement au foyer de l'un de leurs enfants, peut-être celui d'Henry CURIE, recteur d'école, et de Catherine BOURGOGNE, son épouse. Ils apparaissent dans le dénombrement de l'époque assez démunis matériellement "...ils n'ont rien ramassé, ne sèmeront rien et n'ont aucun bétail; il leur faudrait deux quartes par mois s'ils les avaient....".

Ils décèderont à Etupes, Jean le 8 août 1714 et Suzanne le 26 octobre 1715.

Pierre CURIE descendant de Jean CURIE (3ème du nom)