jeudi, mai 25, 2006

L'ASCENSION DU CHRIST....UN MYTHE HISTORICISE.

Les textes évangéliques. Deux évangiles (Marc et Luc),ainsi que le livre des Actes des Apôtres mentionnent l' "ascension du Christ".
- "Le Seigneur ("kurios"), après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s'assit à la droite de Dieu" (Marc 16,v.19)
- "Pendant qu'il les bénissait, il se sépara d'eux" (Luc 24, v.51) Toutefois, les mots "et fut enlevé au ciel" ont été ajoutés par la suite!
- "Après avoir dit cela, il fut élevé pendant qu'ils (les disciples) le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux" (Actes 1,v.9)
L'Evangile de Jean ne mentionne pas l'ascension de Jésus.
L'Evangile de Matthieu ne parle pas expressément de l'"ascension". Il indique seulement que Jésus "ressuscité" s'approcha des disciples sur une montagne de Galilée et leur déclara : "Tout pouvoir ("eksousia") m'a été donné dans le ciel et sur la terre" (Matthieu 28,v.18).

Le mythe. Il est établi sur trois éléments: la structure de l'univers selon les Anciens; l'élévation du Christ au ciel et son "séance à la droite de Dieu". Pour les Anciens, l'univers était composé de trois parties :d'abord, la terre comme un disque plat immobile autour duquel le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest; ensuite, le ciel au-dessus de la terre,la demeure de Dieu; enfin, sous la terre, l'enfer,le domaine des damnés.

Quarante "jours" après sa "résurrection, le "Seigneur" ("kurios") a été "enlevé" ("anélèmphtè")ou "élevé" ("épèrthè")au "ciel" ("ouranos"). En ce lieu, le "kurios" (le "Seigneur") est "assis à la droite de Dieu" et reçoit "tout pouvoir" ("eksouia")sur la "terre" ("ges")

Il est remarquable de constater que le mythe opère sur "le Christ" le transfert du pouvoir "impérial". Dans l'Antiquité, le "kurios" désigne l'Empereur ("César"); la "séance à la droite de Dieu" indique une délégation du pouvoir suprême sur "la terre habitée" (l' "oikouméné"),qui recouvrait alors l'espace de l'Empire romain ou grec! Il s'agit donc, à l'évidence, de l'opposition des "deux règnes" : celui de "César" (l'Empereur) et celui du "Christ" ("kurios Kaisar" et "kurios Iesous")!Il est ainsi affirmé que désormais, l'Empire est déssaisi de sa toute puissance pour être remise au "Christ-Seigneur" ! Tel est le mythe et telle est la réalité nouvelle : "Rendez à César ce qui est à César , et à Dieu ce qui lui appartient"!

Historiquement, la fête de l'Ascension n'est apparue dans l'Eglise que vers la fin du 3ème siècle et elle s'est généralisée dans le dernier quart du 4ème siècle. Les récits canoniques de l'"ascension" ne sont donc pas des "faits historiques", mais un mythe "historicisé", car ils relèvent de l'imagination et de la représentation des premiers chrétiens. Ils sont "historiques" en ce qu'ils ont vécu dans la conscience des premiers chrétiens. Ils sont du domaine des "valeurs" (et non des "faits historiques") auxquelles la "foi" donne une "historicité". Les récits de l'"ascension" sont des mythes auxquels les premiers chrétiens ont donné une "vêture historique". Là encore, il convient de distinguer le "Christ de la foi" et le "Jésus de l'histoire"!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et j'imagine que la force du mythe se retrouve aussi dans les récits sur la résurrection !

Ce que j'aime dans le mythe, c'est la force de puissance de l'acte pure. Cette force inaugure le réel dans une dimension qui la surélève. Il en va ainsi de la foi aussi. La question qui est à poser est celle-ci : l'acte pur est-il dans la représentation, l'imagination ?

L'acte pur peut-il être dans la production concrète, la vie dans sa réalité immédiate et progressive ! C'est là personnellement que je trouve la force pure de cet état du mythe. Du coup, le mythe prend la forme sémantique bien singulière : Le réel imbibe les consciences et les forges. Faits, histoires, consciences, substance du réel, s'organisent autour du mythe tout en le constituant

Bien chaleureusement,

Christian