jeudi, décembre 21, 2006

IL EST NE LE "DIVIN" ENFANT....

P, le
NOEL...(de "natalis", relatif à la naissance)..
de "Jésus-Christ" ? Sans doute. Est-ce aussi celle de l' "homme Jésus" ? Probablement pas!
25 décembre..fête du solstice d'hiver et de la renaissance de la Lumière. "Sol invinctus", le soleil invaincu! A partir de cette date, les jours rallongent et le soleil renaît. Il n'existe pas de certitude quant au jour exact de la naissance de "Jésus-Christ". Vers l'an 306, les chrétiens s'accordèrent sur le choix du 25 décembre pour rappeler la célébration des "Saturnales" qui marquaient le début du solstice d'hiver dans l'Antiquité. Et c'est le moine Denys le Petit, au 6ème siècle, qui fit naître Jésus en l'an I de l'ère chrétienne.
MARIE FUT TROUVEE ENCEINTE DU SAINT-ESPRIT.
"Marie, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte par la vertu du Saint-Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble" (Matthieu 1/18)
"Cette proposition doit être comprise ainsi : non seulement, on avait découvert que Marie était enceinte, mais qu'elle l'était du Saint-Esprit. Cependant, il n'est possible de parvenir à cette compréhension que par la foi, et non par une évidence rationnelle...Il s'agit d'une valeur qui ne peut être saisie que par un processus d'interprétation. La proposition est le résultat de deux énoncés hétérogènes qui exigent, chacun, une approche différente et qui concernent l'un, le fait (Marie fut trouvée enceinte); l'autre, l'interprétation qui prend appui sur le fait découvert (elle le fut pas le Saint-Esprit). Puisque l'objet de cette interprétation est religieux, voire christologique, l'interprétation doit, en bonne logique, être aussi religieuse et christologique, ce qui implique que le fait soit lu à l'aide du code messianique.
L'INFORMATION SUR LE FAIT.
"...Selon la Loi, lorsque l'époux trouvait sa fiancée enceinte, il devait la traduire en jugement, le fait étant considéré comme un crime passible de mort. Mais la Loi offrait à l'inculpée une possibilité de défense. Si elle avait couché avec son complice dans la campagne, elle était acquittée, car on supposait qu'elle avait appelé au secours et que personne ne l'avait entendue; il s'agissait d'un viol. Par contre, si l'acte avait été perpétré en ville, elle était condamnée à être brûlée avec son partenaire: dans ce cas, le fait que personne ne l'ait entendue laissait penser qu'elle n'avait pas appelé au secours et qu'elle était coupable (Deutéronome 22/23-27). Cependant, cette procédure n'était possible que si l'époux lui-même, en se constituant partie civile,, prouvait qu'il ne portait aucune responsabilité. Faute de preuves, la fiance pouvait toujours soutenir que l'enfant qu'elle portait était de lui.
"Pour l'époux de Marie, l'information témoigne qu'il 'décida' de la répudier sans le dénoncer. Mais ne le voulait-il pas (comme Matthieu l'affirme),ou ne le pouvait-il pas ? Dans le premier cas, il croayit à l'innocence de la femme, qui avait pu être victime d'un viol par ruse ou par violence. Dans le second cas, il était sans doute convaincu de sa culpabilité, mais ne pouvait rien prouver. Le fait que Matthieu présente Joseph dans l'anxiété et le doute permet l'une et l'autre des hypothèses. Mais quelle que fut sa conviction, l'information permet d'affirmer qu'il renvoya son épouse : dans le récit, il n'échappe au doute que dans un rêve, dont la valeur est purement théologique et interprétative. En abandonnant l'épouse à elle-même, il lui épargnait sans doute le jugement de la Loi, mais il l'exposait à celui de l'opinion publique : une épouse trouvée enceinte et répudiée ne pouvait être, selon les gens, qu'une prostituée, mère d'un enfant bâtard."
(Ennio FLORIS - "Sous le Christ, Jésus" - Flammarion, 1987, pages 124-126)
L'INTERPRETATION DE L'INFORMATION.
"En étudiant la généalogie de Jésus, (Matthieu) avait constaté que les femmes de quatre de ses ancêtres (Thamar, Rahab, Ruth et Berschéba) avaient conçu d'une façon telle qu'il était permis de les considérer comme des femmes de prostitution....Bien que le genre littéraire de la généalogie lui interdit d'inclure des femmes, Matthieu a inséré dans celle de Jésus ces quatre mères ancêtres.Cette initiative nous autorise à penser qu'il a vu dans l'histoire de ces femmes l'annonce prophétique de celle de Marie, et donc de la génération de Jésus-Christ....Dieu avait voulu que la conception de ces femmes fût entachée de prostitution pour qu'on pût reconnaître, par elles, la génération de Jésus comme celle du Fils de Dieu. La prostitution de Marie relatée par l'information juive n'était qu'une énigme, posée par Dieu comme le signe de la naissance du Christ....Ainsi, le doute de Joseph était motivé par la 'crainte' de Dieu (Matthieu 1/20). L'Ecriture avait provoqué le doute chez Joseph; cette même Ecriture lui permettait d'en sortir: un ange du Seigneur lui apparut en songe, lui ordonnant de ne pas craindre de prendre Marie pour femme, puisqu'elle était enceinte du Saint-Esprit...Joseph put alors, sans crainte, prendre Marie pour sa femme : elle n'était pas une prostituée, comme l'information le laissait entendre, mais une vierge-mère. Elle est enceinte, non par prostitution, mais du Saint-Esprit. Alors, Jésus, l'enfant qui naît d'elle, n'est pas un bâtard; il est le Fils de Dieu".
(Ennio FLORIS- "Sous le Christ,Jésus", pages 126-128).
LE FAIT EN DECA DE L'INFORMATION ET DE L'INTERPRETATION.
"...Ce récit inclut du mythe et de la légende, et l'on y découvre aussi une référence à l'histoire, mais par l'interprétation des faits au moyen d'un code inscrit dans le mythe et la légende. Par ce code, la grossesse malheureuse et scandaleuse de Marie est interprétée comme la conception virginale du Fils de Dieu....L'historien s'intéresse à l'information sous-jacente au discours, car, même conditionnée par la polémique,elle présente tous les caractères d'un témoignage historique utilisé comme documentation par l'auteur du récit. Il nous est sans doute impossible, à partir de cette unique information, d'affirmer avec exactitude quelle fut la responsabilité de Marie et comment les choses se passèrent réellement. Si nous tentons de discerner les faits au miroi que Matthieu lui-même nous offre par l'image des quatre femmes ancêtres, plusieurs hypothèses se présentent avec une égale pertinence.. Marie fut-elle une veuve délaissée dans son exigence de maternité et qui s'est fait justice selon la loi du lévirat, comme Thamar, en couchant avec un de ses parents ? Aurait-elle été une adultère, comme Berschéba, qui se laissa prendre au piège de l'amour ? Comme Ruth, chercha-t-elle à séduire un homme pour vivre la légitimité du mariage mais, à l'opposé de l'héroïne biblique, tomba-t-elle dans les bras d'un homme rusé ? Enfin, comme Rahab, aurait-elle exercé la prostituion comme métier ? Il est étonnant de trouver ces mêmes hypothèses dans les différentes sources de la tradition judaïque....S'il est impossible de connaître les détails, le fait est là. Que Marie fut coupable ou innocente, il n'en rest pas moins qu'elle fut trouvée enceinte de façon illégitime. Bien que l'historien ait conscience que ce fait, par son interprétation religieuse, a revêtu une grande importance dans l'histoire, il lui est permis de ne le considérer que comme l'accident malheureux d'une relation d'amour."
(Ennio FLORIS - "Sous le Christ, Jésus" - pages 128-130).
NAISSANCE D'UN BATARD...UN ROMAN FICTION .
"Chronique de Marie-Madeleine" (in : "L'Analyse référentielle et archéologique" - Ennio Floris ) (http://alain.auger.free.fr)
"...Jésus parlait encore quand un de ses disciples - André, je crois - s'approcha.
- Maître, ta mère, tes frères et tes soeurs sont venus te chercher et t'attendent dehors.
- Qui sont ma mère, mes frères et mes soeurs ? Pointant l'index sur les assistants, il ajouta : Je n'ai ni mère, ni frères, ni soeurs; seul celui qui fait la volonté de Dieu est ma mère, mon frère ou ma soeur! Vous, non plus, n'avez ni mère ni frères ni soeurs, ajouta-t-il après un silence. Depuis que Dieu, selon le message d'Osée a condamné notre mère comme prostituée, nous sommes tous privés de père, de mère, de frères et de soeurs. Mais faisons sa volonté, et Dieu deviendra notre père, et nous serons tous, l'un pour l'autre, frère et soeur......
Submergée par la douleur, (Maria) répétait à mi-voix :
- Il devient fou, son esprit s'évade à la recherche de sa mère.
- Sa mère ? N'est-ce pas toi ?
- Je suis sa nourrice, ma fille. Et toi, qui es-tu ?
- Je suis Maria, son épouse.
- Il est marié ? Première nouvelle! Peut-être, a-t-il retrouvé en toi, sa mère qui s'appelait Myriam. Je m'appelle aussi Maria, ajouta-t-elle en pleurant d'émotion.
- Mère, lui dis-je en l'embrassant: il y a là un mystère; nous portons le même nom, sans doute parce que nous sommes liés par une parabole. Raconte-moi ce qui s'est passé.
- J'avais alors une vingtaine d'années. Mon mari travaillait tantôt comme menuisier, tantôt comme ferronnier. Nous habitions Nazareth, mais au moment de la moisson et de la vendange, toute la famille allait louer ses bras à la campagne; nous y retournions à l'automne pôur les labours et les semences. Un jour, au coucher du soleil, je suis rentrée dans la grotte qui nous servait de maison et d'étable; et j'ai remarqué que la crèche débordait de foin frais...Je m'approchais et je vis un bébé couché dedans, entouré de lis. Je sortis pour appeler mon mari et vis une jeune fille qui s'enfuait à travers champs. Je rentrai dans l'étable, pris le bébé dans mes bras en le berçant, inquiète et joyeuse à la fois. Quand mon mari arriva, je lui présentais le nouveau-né : "Dieu nous a confié un enfant; nous l'appellerons Jésus!"
- Pourquoi ce nom ?
- Parce que cet enfant a été sauvé par Dieu, comme Moïse le fut des eaux du Nil.
- Et la mère ? Ne s'est-elle jamais manifestée pour revoir son fils ?
- Je l'ai revue une fois, un an après, à l'endroit même où elle avait exposé l'enfant. Le souvenir me serre encore la gorge! Je me trouvais dans la grotte en train de préparer le repas des moissonneurs. Jésus, près de moi,trottait librement, car il commençait à marcher. Une jeune femme s'est approchée de lui; elle devait avoir dix-sept ou dix-huit ans, et était fort jolie. Fascinée, elle regardait l'enfant qui lui souriait, puis elle s'est tournée vers moi :
- C'est ton enfant ?
- Bien sûr!
Son visage s'est refermé, ses yeux se sont embués de larmes. Se tournant à nouveau vers l'enfant, elle le regarda intensément. Il lui sourit, s'approcha d'elle et balbutia le seul mot qu'il connaissait : "Ma..man, maman!" Alors, elle se jeta dans mes bras, en criant : "Non, je ne suis pas sa mère; je ne suis plus sa mère!"
Lorsqu'elle fut un peu calmée, je lui demandais : "Comment t'appelles-tu, ma fille ?" La tête enfouie dans mes bras, elle répondit : "Myriam!"
- Je m'appelle Maria, moi aussi. Dieu a voulu que nous portions le même nom, car nous sommes toutes deux la mère du même enfant! Deux femmes destinées à accomplir le plan de Dieu qui leur demeure caché.
- Maria, je ne porte pas la responsabilité de cet enfant; je l'ai reçu par surprise, comme toi, tu l'as découvert dans la crèche....
Je l'ai serrée dans mes bras pendant qu'elle me racontait son histoire.
- Au soir de mon mariage, après la fête, mon mari et moi, nous sommes rentrés à la maison. Mon mari m'a dit : "Ecoute, Myriam, je m'inquiète pour le bétail. Mon demi-frère, égaré par les réjouissances et un peu ivre, ne lui aurra, sans doute, pas assez donné à boire; et je crains les voleurs. Je vais m'en occuper et à l'aube, je serai de retour". Il m'a emrassé tendrement, puis est sorti. En pleine nuit, je l'ai entendu rentrer. "Tu es déjà de retour ?"
- Oui, oui. Tout était en nordre et j'ai fait vite.
Il s'est étendu sur le lit et nous avons fait l'amour. A l'aub,je dormais encore quand mon mari, entrant dans la chambre, me réveilla. "Oh! mon aimée, dit-il en m'embrassant, tu dormais comme une chatte qu'on vient de caresser!
- Mais...d'où viens-tu ? Etais-tu ressorti? Tu aurais du me réveiller.
- Comment, ressorti ? Je rentre juste des champs où j'étais allé soigner le bétail.
- Ah! mon Dieu! Pourquoi m'as-tu humiliée ? Veux-tu ma perte, celle d'un enfant qui va naître et le malheur d'n homme ?
Et je pleurais, pleurais, sans pouvoir parler. Mon mari, interdit, n'osait même plus me consoler. Il attendait que je me sois assez reprise pour m'expliquer.
*- Un homme est venu quelque temps après ton départ. Il avait ta voix. Il m'a fait l'amour. J'étais persuadée que c'était toi, il faisait si sombre! Je n'ai rien soupçonné.
Alors, mon mari, levant le poing droit, le pouce entre l'index et l'annulaire, a maudit son demi-frère.
- Maudit sois-tu, fils de Canaan qui m'a déshonnoré en me faisant père d'un bâtard! Que tes enfznts soient chassés de la terre jusqu'à la dixième génération! Que tu ne trouves jamais la paix dans le Schéol des pères!
Cependant, il n'avait pas le courage de dénoncer son frère, subissaznt avec mon fils et moi la malédiction de Dieu. Il me renvoya : "Va-t'en avec tonn enfant! Dieu qui t'a humiliée, te sauvera. Mais sors d'ici, que ma maison ne soit souillée d'un adultère. Quitte ce pays et réfugie-toi dans la terre d'Agar".
Je me suis cachée chez mes parents, le temps de ma grossesse; puis, j'ai accouché seule et expoxé l'enfant dans ta crèche. Avant de l'y abandonner, j'ai cueilli des lis, et tout en les disposant autour de lui, je prais Dieu: "Seigneur, je suis innocente, je suis sûre que tu le sauveras. Que le parfum des lis reste toujours sur lui, en signe de mon innocence". Ensuite, j'ai attendu que quelqu'un vienne à l'étable. Quand je t'ai vue, je me suis sauvée..criant ma détresse et mon soulagement. Puis, ce fut le désert dans mon âme, car mes larmes s'étaient taries.
- Mon mari revenant avec les moissonneurs, et Myriam toujours craintive, m'a dit : "Ecoute, Maria. Je te donne mon esprit, le souffle d'une mère qui, parès la naissance de son enfant, ne pourra plus jamais l'appeler : "mon fils".
Ele m'a longuement embrassée, comme si elle voulait insuffler son âme dans mon coeur.
- Maintenant, je serai heureuse à la pensée que tu embrasses mon fils".
Puis elle est partie en courant, sans se retourner ni regarder cet enfant qui lui faisait signe de sa petite main et lui souriait. Je l'ai vue se confondre avec le vert des orangers, puis disparaitre dans les oliviers..."
(Ennio FLORIS - "Chronique de Marie-Madeleine).
L'HOMME ET LE PROPHETE.
Conscient de son exclusion par sa naissance illégitime, de la communauté d'Israël et de la descendance d'Abraham, Jésus, l'homme juif, à la recherche de son identité, interrogea les prophères de l'Ancienne Alliance. Chez le prophète Osée, il découvrit que tous les enfants d'Israël étaient des bâtards, fils d'une prostituée.
"Cela suffit à leur faire comprendre que sa condition d'homme bâtard ne lui était pas personnelle, qu'il la partageait avec tout le peuple juif" (Ennio FLORIS - "Sous le Christ, Jésus", page 210). Il vit alors dans sa condition d'homme bâtard le signe de sa vocation prophétique.
"...Il se reconnut lui-même dans le "Messager" que Dieu envoyait pour dégager le chemin..." (E.FLORIS - "Sous le Christ, Jésus", page 210).

mercredi, novembre 22, 2006

UNE FEMME PARVIENDRA-T-ELLE A LA PLUS HAUTE CHARGE DE L'ETAT EN 2007 ?


Les Français auront-ils l'audace de porter à la Magistrature suprême en Mai 2007,Ségolène ROYAL, cette femme jeune, souriante,dynamique, imaginative et déterminée ?
Ce serait un événement sans précédent dans l'histoire des Républiques en France (même dans celle de la France).

L' "imagination au pouvoir" fut un slogan de Mai 68. Serait-ce rêver d'imaginer qu'une "République nouvelle" (une "sixième") inspire la "République gaullienne" usée et bloquée ?

J'imagine qu'à 85 ans (quel paradoxe!) je puisse connaître aussi ce "désir d'avenir" ? Certes, Ségolène ROYAL semble vouloir s'engager (et nous engager) vers des chemins inédits, ouverts et défiant les processus traditionnels ! Sans doute aussi, à cette heure, bien des incertitudes demeurent sur son parcours et sur son projet pour la France! Mais ce n'est pas un handicap en ce début.

Un jeune sociologue, Sébastien FATH livre sur son blog (http://blogdesebastienfath.hautefort.com) les 4 points forts de Ségolène ROYAL. Je les résume...mais lire l'ensemble du texte : "La pertinence sociologique et politique de la candidature de Ségolène ROYAL".

-- Les 4 points forts de Ségolène ROYAL :

1. Un discours ultramoderne. Recul par rapport aux utopies du "grand soir" : empirisme et modestie; politique de la "preuve". "L'ultramodernité apporte plus d'incertitude, plus d'inconfort; mais peut-être plus d'exigence de vérité aussi de la part de citoyens informés..."

2. Une relance démocratique : Remise à plat d'une culture politique trop monarchique; république plus proche des citoyens ("démocratie participative").

3. Une inscription maitrisée dans la mondialisation: ancrage maîtrisé (ni nationalisme cocardier, ni tentation atlantiste); discours fort sur la "nation française" et ses terroirs à défendre; démarche équilibrée sur l'immigration (ni surenchère répressive, ni angélisme républicain); estimation des enjeux écologiques posés par la globalisation (ni "rupture sarkosiste" du "modèle français"; ni sclérose de ce modèle); refus des tabous.

4. Approche critique de l'ultralibéralisme soixante-huitard. Retour à une éducation familiale (sécurisation des liens matrimoniaux; promotion du "congé parental"; contre la "chosification" des femmes). - Maintien des acquis de Mai 68 (émancipation de la femme et du couple...)

Ainsi, le débat politique qui s'annonce avec Nicolas SARKOZY (si sa candidature est confirmée) s'annonce grave, important, passionnant, rude et sans concession!...
Pierre CURIE

samedi, novembre 04, 2006

DEUX NOUVELLES ETUDES D'ENNIO FLORIS


A lire sur les site : "Analyse référentielle et archéologique"
(http://alain.auger.free.fr)



Dans une "Introduction", Alain AUGER, webmestre du site, situe les deux nouveaux textes d'Ennio FLORIS:

1. Une "fiction dramatique": "La résurrection de Jésus". Alain AUGER écrit : "Ennio FLORIS...a mis en situation les personnages des évangiles et leur a fait jouer leur rôle en toute vraisemblance, de la découverte du tombeau vide à la fondation de la première église, sous la férule de Pierre. Le résultat de cette phase de l'étude est une 'fiction dramatique' : la résurrection de Jésus qui démonte le mécanisme de pouvoir qui est alors mis en place."

2. "Recherches critiques sur les évangiles de la résurrection". Alain AUGER poursuit : "Dans un second ouvrage, à la forme plus classique, Ennio FLORIS fait le point sur ses "Recherches critiques sur les évangiles de la résurrection", qui se fondent sur la méthode d'analyse référentielle et archéologique qu'il a mise au point."

(Consulter aussi son livre : "Sous le Christ, Jésus" (Flammarion, juin 1987)

jeudi, novembre 02, 2006

LA PLUS GRANDE VIOLENCE

"L'actualité d'une réflexion sur la "violence" s'impose d'elle-même. Cependant, je ne peux pas plus m'en tenir à la volontairement vague "condamnation" de la violence d'où qu'elle vienne qu'à son apologie. Si la violence n'est pas pour moi un absolu de péché (ou de salut), c'est parce qu'elle n'est pas un absolu du tout, et pour bien en marquer le caractère relatif, j'avance comme une hypothèse l'existence d'une "plus grande violence" à laquelle affronter chaque autre. Mais qu'est-ce que cette "plus grande violence" jamais clairement désignée ainsi, innommée et innomable ?....

C'est cette violence-là qui fait que dans le Nord-Est brésilien, on meurt de vieillesse à 28 ans ou bien qu'une femme bolivienne ne nourrit que trois de ses quatre enfants, parce que (dit-elle), le "quatrième est maladif et serait probablement mort de toutes façons, et puis, je n'ai pas assez de nourriture pour les quatre" (in "Les Temps Modernes", spetembre 1967). Alors devant une telle réalité, Camilo TORRES (prêtre colombien) peut dire dans son appel à la population : "Le peuple sait qu'il ne lui reste que la voie armée".

Comment caractériser, désigner cette réalité ?Si vous regardez une grande montagne, vous n'avez aucune chance d'en évaluer d'emblée le pods...Mais si vous tentiez de vous redresser comme un homme avec cette montagne sur le dos, ou si elle se mettait à glisser parce que ses fondements sont pourris et qu'elle vous passe dessus,alors c'est dans l'écrasement que vous connaitriez le poids de cette montagne d'ordre établi, de situations acquises, de structures immuables, de statu quo social, politique et religieux, comme celui de la "plus grande violence" qui se puisse faire. Et vous prendriez les armes aux côtés des guerilleros en répétant les paroles de Jérémie : "Ils disent paix, paix, et il n'y a pas de paix..."

Qu'en est-il de cette "plus grande violence" ? Trois aspects se retrouvent dans nos analyses : celui du mensonge :elle ne se donne jamais à connaître comme une violence, mais comme son contraire : l'ordre naturel des choses. ; - celui de l'immobilité, du statu quo qui ne demande rien que de n'être pas bouleversé, de la coagulation, de la cristallisation de toutes les situations; - celui du meurtre, aboutissement dernier du refus de tout mouvement, cette réalité tue les hommes et leurs pensées, sans trembler, avec bonne conscience."

(Extrait d'un article du pasteur-ouvrier Xavier MICHEL-JAFFARD - 1967)

samedi, octobre 28, 2006

MA BRANCHE FAMILIALE SE DETACHE DU TRONC MONTBELIARDAIS D'ETUPES

Mariage d'Ivan CURIE et d'Alice TRIAIRE (mes parents) en Juillet 1921 en Tunisie.


A travers les pérégrinations de son existence professionnelle et sociale à l'intérieur du Pays de Montbéliard, Pierre-Abraham CURIE peut laisser penser qu'il s'était lui-même déjà senti à l'étroit dans son Etupes natale, et qu'il avait cherche pour lui-même et pour sa famille un avenir plus ouvert. On peut imaginer sans peine qu'il a transmis à ses cinq enfants le goût des horizons plus vastes ou l'ambition de situations sociales plus diversifiées que celles, limitées, de la campagne montbéliardaise. L'enseignement qu'il a servi pendant quelques années -tout comme son frère Pierre, mais moins longtemps que lui - a, sans doute aussi, joué un rôle déterminant dans la "mutation sociale" de la famille, qui s'est exprimée ensuite en une "émigration" du Pays, et même de France !

Pierre-Jacques CURIE (1829-1899), Ingénieur.

En effet,avec Pierre-Jacques CURIE, mon arrière-grand-père,l'émigration de ma branche familiale, issue de George CURIE, le Vieux, fils d'Henry CURIE, a été effective. Quatrième des ciq enfants de Pierre-Abraham CURIE et de Frédérique SCHOULLER, Pierre-Jacques CURIE est né à Audincourt, le matin du jeudi 30 décembre 1829, et déclaré à la Mairie d'Audincourt ce même jour en présence des témoins Jean-David CURIE, son grand-père, alors âgé de cinquante cinq ans et percepteur du Canton, et de Jacques-Frédéric CURIE, cousin-germain de son grand-père, du même âge, et cultivateur à Audincourt. Pierre-Jacques CURIE vécut vraisemblablement jusqu'en 1845, à dix sept ans, dans sa ville natale où son père, Pierre-braham, était le fondé-de-pouvoir de la Perception. L'acte d'Etzt-Civil indique qu'il était aussi "propriétaire".

Sous le règne de Louis-Philippe (1830-1848), Audincourt était une petite ville industrielle (forges, horlogerie,filaures) d'environ trois mille habitants; et le village d'Etupes, distant de trois kilomètres, ne comptait en 1841 que sept cent trente cinq habitants.

Nous ne savons actuellement pas grand'chose de l'enfance et de l'adolescence de Pierre-Jacques CURIE. A-t-il fréquenté, comme tous les enfants d'alors, l'école communale entre six et quatorze ans ? C'est probable. Vers quatorze-quinze ans, il dut suivre les cours d'une Ecole professionnelle pour se préparer à entrer à dix sept ans, en 1845, à l'Ecole Professionnelle des Arts-et-Métiers de Châlons, où il devint "gadzart" pendant trois années. En 1851, il devint, à vingt deux ans, "sociétaire" de cette Ecole d'ingénieurs.

A sa sortie des Arts-et-Métiers, il fut attaché, de 1848 à 1854, entre ses dix neuf et vingt cinq ans, aux Etablissements CAIL. Il épousa le 20 août 1857 à MEULAN, Ernestine-Désirée CHERON qui avait alors dix-huit ans et demi (elle était née le 4 novembre 1838). Pierre-Jacques CURIE qui, à vingt-sept ans et demi, était alors Chef des Etudes du Chemin de fer des Ardennes, habitait à PARIS (109 rue Saaint-Lazare) au moment de son mariage. Il eut pour témoins de mariage deux de ses amis parisiens : un ingénieur de vingt-et-un ans, Edmond COLLIGNON qui demeurait 46 Quai de Billy, et un entrepreneur de vingt-sept ans, Eugène TOISOUL qui habitait 153 rue Saint-Antoine. Sa femme eut pour témoins, son oncle François-Auguste TOURNEFOTTE, propriétaire à AUFFREVILLE, et un cousin-germain, François-Marin DUBOIS, huissier à MEULAN.

Pourquoi Désirée-Ernestine CHERON et mon bisaïeul Pierre-Jacques CURIE se sont-ils mariés à MEULAN ? Après des recherches, voici la réponse : Nicolas-Louis CHERON, fabricants de lacets de laine, et Jeanne-Désirée CONSCIENCE, les parents de Désirée-Ernestine CHERON, habitaient Châlons-sur-Marne. A la mort du père, en 1842, leur mère partit habiter à MEULAN avec ses deux petits filles en bas-âge (de quatre et un ans), chez son beau-frère, Pierre-Alexandre-Ambroise CHERON, qui était marchand grainetier, et chez sa belle-soeur, Alphonsine-Louise HURE.

Pierre-Jacques CURIE et Ernestine-Désirée CHERON eurent quatre enfants : Jeanne CURIE, née le 11 août 1870 et décédée le 3 janvier 1942 à TUNIS; Ernest CURIE, né en 1860; Pierre CURIE dont nous ne savons pas grand'chose, sinon qu'il eut (paraît-il) une vie courte et assez agitée; enfin Paul-Frdérice CURIE, né le 17 août 1866, à SAINT-DENIS-SUR-SCIE, en Seine-Maritime.

Sous le Second Empire, entre 1854 et 1865, âgé de vingt-cinq à trente-quatre ans, Pierre-Jacques CURIE fut détaché à LONDRES, à l'Hôtel-des-Monnaies, pour l'établissement d'un atelier d'affinage. Au cours de cette période, il devint également Chef des études pour le Chemin de fer LYON-GENEVE, puis du Chemin de fer des Ardennes.

En 1865, à trente-quatre ans, la Maison CHEVALIER et CHELLERS le détacha en ESPAGNE pour assurer la livraison du Chemin de fer MALAGA-CORDOUE. Sans doute, pour devenir entièrement indépendant, dans les dernières années du règne Napoléon-III et les dix premières années de la Troisième République (de 1866 à 1881), il devint Directeur d'une sucrerie dans l'Aisne à NEUILLY-SAINT-FRONT. Entre temps, en 1878, il avait obtenu la Médaille d'or à PARIS. Mais, par suite de l'effondrement des cours de la betterave, son usine de sucre tomba en faillite et dut fermer. Pierre-Jacques CURIE connut alors quelques mois de "chômage", qu'il semble avoir vécu comme une sorte de déshonneur! Il dut chercher à se "reconvertir". Mais son temps d'épreuve fut relativement bref. En 1882, à cinquante-trois ans, il fut chargé d'étudier l'avant-projet de Métropolitain de PARIS. Enfin, sur les conseils de son ancienne Ecole des Arts-et-Métiers, il s'expatria à cinquante-quatre ans, en 1883, avec sa famille en ALGERIE.

Pierre-Jacques CURIE s'installa alors à BONE où il fut, en effet, le créateur de la première ligne de Chemin de fer BONE-GUELMA. Il y demeura comme Ingénieur-en-Chef du Service du matériel et de la traction. Il mourut à BONE le 25 octobre 1899, à trois heures et demie du maatin, à soixante-neuf ans, neuf mois et vingt quatre jours !

Membre de la Société des Ingénieurs Civils, il était "Commandeur des décorations étrangères" : croix qui récompensait la valeur de l'activité et la richesse des relations internationales de Pierre-Jacques CURIE.


Pierre-Jacques CURIE a donc inauguré la branche nord-africaine de la famille CURIE d'Etupes. Elle devait par la suite se développer en ALGERIE, puis en TUNISIE à partir des enfants de Pierre-Jacques CURIE et d'Ernestine-Désirée CHERON:

-- Ernest CURIE vécut en AFRIQUE DU NORD; sa carrière se déroula aussi dans les Chemins de fer, algérien et tunisien. Il fut, en particulier, "Directeur de l'Indicateur tunisien".

-- Jeanne CURIE épousa le journaliste Edmond LECORE-CARPENTIER, le créateur du quotidien tunisien "La Dépêche tunisienne", ainsi que de la Station thermale de KORBOUS dans le Cap-Bon. Ils donnèrent naissance à quatre filles :Marthe LECORE en 1889, et qui épousa Monsieur WEYLAND, Contrôleur Civil en TUNISIE; Suzanne LECORE en 1891, qui épousa Monsieur ATGER; Yvonne LECORE en 1896 qui épousa le docteur RAYNAL (qui eurent trois enfants : Louis RAYNAL, tué en Tunisie lors du débarquement allié en 1942; Françoise RAYNAL et Jean RAYNAL qui épousa Mona GARROT. Enfin, Madeleine LECORE(née le 7 janvier 1898 et décédée le 28 novembre 1979) épousa Charles MAILLET, le 9 juin 1921 et qui eurent cinq filles et un garçon : Suzanne MAILLET, née le 15 juin 1922; Madeleine MAILLET, née le 23 mai 1923; Alice MAILLET, née le 4 juillet 1929; Simonne MAILLET, née le 25 août 1931; Nicole MAILLET, néele 17 août 1935; et Pierre MAILLET, né le 2 avril 1925, et décédé le 5 décembre 1989.

--Paul-Frédéric CURIE, mon grand-père, épousa Marie-Emilie DI DONNA,née à LA CALLE (Algérie), le 12 janvier 1873; dont la famille était italienne, oiginaire de NAPLES : fille de Luigi DI DONNA ,pêcheur de corail, et de Carmena DI DONNA. Marie-Emilie DI DONNA-CURIE, ma grand'mère, est décédée le21 janvier 1971 à quatre-vingt-dix-huit ans, à MAXULE-RADES, dans la banlieue de TUNIS.

Paul-Frédéric CURIE succéda à son père, Pierre-Jacques CURIE, et fut Chef de dépôt du Chemin de fer BONE-GUELMA. Il devait mourir jeune, à trente-huit ans, d'une congestion pulmonaire à BONE où il résidait avec sa famille, le 17 avril 1905. Il eut quatre garçons : Marcel CURIE, né le 2 mars 1896 et décédé à MARSEILLE en 1976. Il était marié à Andrée TOURNIEROUX, née en 1899 et décédée aussi à MARSEILLE le 26 juin 1989. Ils eurent quatre enfants : Paul, Roger, Hélène et Alain CURIE.

-- Jean CURIE, né en 1897 et décédé à PARIS en 1946. Il était larié sans descendance.

-- Yvan CURIE (mon père), né le 27 octobre 1898 à DJEBEL-DJELLOUD, aux environs de TUNIS et eut pour témoins ses oncles Ernest CURIE et Edmond LECORE-CARPENTIER. Il épousa à MAXULA-RADES (voir photo en haut de page), le 30 juillet 1921 Alice-Eugénrie-Gabrielle TRIAIRE (ma mère) née le 26 mai 1897 à SERNHAC, près de NIMES. Ils eurent pour témoins de mariage Jeanne CURIE-LECORE, leur tante, et Eva TRIAIRE, soeur aînéE d'Alice TRIAIRE. Yvan CURIE est décédé à NYONS dans la Drôme, le 7 août 1973, et son épouse à VENCE dans les Alpes-Maritimes, le 9 septembre 1963. Leur fils, Pierre CURIE est né à TUNIS le 9 mai 1922.

-- Enfin, Georges CURIE, né le 6 mai 1901 et décédé à TUNIS en 1971. De son premier mariage avec une Anglaise, Nora-Louise ROWSON, décédée peu après, il n'eut pas d'enfant. Remarié à Huguette-Paule-Marie RICHEZ, il eut un fils Philippe CURIE, qui épousa en secondes noces Carole SIFFLET, le 23 janvier 1993 à PARIS.

Ainsi, nous avons tenté de rechercher et de suivre les traces de notre généalogie depuis la fin du 16ème siècle au moment où notre ancêtre Thiébaut CURIE, le cordonnier, avait fui de Besançon avec sa famille les persécutions contre les protestants et avait trouvé refuge au Pays de Montbéliard.
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lundi, octobre 23, 2006

Pierre-Abraham CURIE, instituteur et fondé de pouvoir



Il fut mon trisaïeul. Pour ma famille, il ouvrit le 19ème siècle. Second fils de Jean-David CURIE et de Catherine GIGON, il naquit à Etupes le 21 janvier 1800, "l'An VIII de la République française, une et indivisible, le trois Pluviose".

Nous ne savons rien de son enfance et de sa jeunesse qui durent s'écouler à Etupes, où Jean-David CURIE et Catherine GIGON résidaient alors. Toutefois,, Pierre-Abraham n'aura pas connu sa mère longtemps, puisque celle-ci devait mourir en 1804 alors qu'il n'avait que quatre ans ! Son frère, Pierre, en avait sept. Précédemment, nous avons estimé que jusqu'au remariage de leur père avec Marie METTETAL en 1813, les deux frères durent connaître une période incertaine comme orphelins, élevés seulement par leur père qui exerçait le métier d'instituteur avant d'acquérir la perception d'Etupes, ou dans l'entourage de la famille de Jean-David CURIE. A partir de 1813, leur situation psychologique dut s'améliorer dans leur nouveau foyer avec leur belle-mère, et trouver sans doute une plus grande stabilité. Néanmoins, pendant au moins quatre années, entre 1813 et 1817, le Pays de Montbéliard traversa, après la prospérité des années 1809 à 1812 à l'apogée de l'empire napoléonien, des temps de dureté. A la fin de 1813, les armées impériales subirent des échecs en Allemagne; et le ravitaillement du Pays parvenait difficillement. Les divisions russes installèrent leur Intendance générale à Montbéliard avec leur cortège de réquisitions nouvelles. Les prix des denrées de première nécessité augmentèrent fortement. Le pain fit défaut. "On ne voyait plus que des figures pâles et des corps décharnés qui se traînaient péniblement. Plusieurs individus de différents lieux périrent d'inanition. La famine se prolongea jusqu'à la récolte de 1817". (Manuscrit Beurlin).

A partir du mariage de Pierre-Abraham CURIE, les actes de l'Etat-Civil d'Etupes et d'Audincourt nous apportent un certain nombre d'informations. Le 24 septembre 1822, Pierre-Abraham CURIE épousait à vingt deux ans à Etupes Henriette-Frédérique SCHOULLER, née à Etupes le 18 août 1799, fille d'un cultivateur d'Etupes, George SCHOULLER. Lors du mariage de Pierre-Abraham, son beau-père était déjà décédé depuis quatre ans, le 29 mai 1818. Sa belle-mère, Catherine GROSBELY, sans profession, étant analphabète, ne put signer le procès-verbal de mariage.

Jean-David CURIE, remarié depuis neuf ans avec Marie METTETAL, était toujours domicilié à Etupes où il était percepteur. Pierre-Abraham CURIE eut pour témoins de mariage, son parrain Pierre-Abraham PECHIN, alors âgé de trente neuf ans, cultivateur à Etupes; et son frère, Pierre CURIE, âgé de vingt six ans, instituteur à Etupes. De son côté, sa femme eut pour témoins son frère George-Frédéric SCHOULLER, âgé de trente quatre ans, qui était garde-forestier; et George-Frédéric CHEIROT, âgé de vingt huit ans, cultivateur à Etupes.

Comme la famille BOURGOGNE au 18ème siècle, la famille PECHIN d'Etupes eut des liens privilégiés avec ma famille CURIE, surtout à la fin du 18ème et au début du 19ème siècles. Marie CURIE, fille d'Henry CURIE, le recteur des écoles d'Etupes, avait épousé un Pierre PECHIN. Vers la même époque, une Catherine PECHIN (peut-être, une soeur de Pierre PECHIN ?) avait épousé George VURPILLOT (peut-être le frère d'Elisabeth VURPILLOT, seconde épouse de George CURIE, le Vieux ?). Puis en 1744, Jean-David CURIE eut, à sa naissance, pour parrain Jean-David PECHIN....

Revenons à Pierre-Abraham CURIE. Au moment de son mariage à Etupes, il demeurait à Fesches-le-Chatel où il était, lui aussi, instituteur. Ainsi, l'enseignement aura été l'une des orientations professionnelles de ma famille CURIE. Déjà, Jean CURIE (troisième du nom) et son fils Henry CURIE furent, tous les deux, quelques cent à cent trente ans auparavant, Maistres d'école, le premier à Exincourt, le second à Etupes.

LE METIER D'INSTITUTEUR AU 19ème SIECLE AU PAYS DE MONTBELIARD.

Au 19ème siècle, l'enseignement relevait toujours du domaine privé protestant au Pays de Montbéliard jusqu'à l'application des lois sur l'école laïque et obligatoire en 1905.

Tout en restant l'héritier du "maître d'école" des 16ème et 17ème siècles, le métier d'instituteur primaire communal, au moment où Pierre-Abraham CURIE et son frère Pierre, l'exerçèrent à partir de 1820, sous la Restauration des Bourbons et la Seconde République, a connu une certaine évolution.

Des Comités cantonaux ("Comités gratuits et de charité") devaient veiller au maintien de l'ordre et des bonnes moeurs, à l'orthodoxie de l'enseignement religieux scolaire, à l'amélioration des méthodes pédagogiques; signaler aux autorités départementales les mesures indispensables au bon entretien des bâtiments scolaires, ou en demander la construction là où il n'en existait pas.

Quel était alors, l' instituteur "idéal" ? "Au début du 19ème siècle, en pays montéliardais, le régent 'idéal' du village apparaît... comme un instructeur, mais plus encore comme un éducateur modèle, prototype de vertu évangélique aussi bien pour les enfants que pour l'ensemble de la communauté qui l'a choisi" ("Essai sur l'enseignement primaire et le protestantisme dans le pays de Montbéliard entre 1805 et 1880", page 32).

Comment devenait-on instituteur sous la Restauration ?

Jusqu'en 1833, au Pays de Montbéliard, munis d'un certificat de bonne conduite, les régents d'école exercèrent sans avoir reçu le moindre brevet de capacité. Le candidat était préalablement accepté par le Conseil municipal du village. Ensuite, le jeune maître débutait, le plus souvent, sans titre et se préparait alors à subir les épreuves du certificat de capacité. Seriviteur zélé de la paroisse protestante, l'instituteur était rétribué pour une faible partie en numéraire par la commune ou par l'église; une autre partie, très médiocre, en nature, par l'ensemble des familles, hormis les indigents. Pour obtenir cette dernière, l'instituteur allait de maison en maison, à la façon d'un mendiant.

Quelle était sa charge ? Comment pratiquait-il son enseignement ?

Tout d'abord, l'instituteur devait apprendre à lire, à écrire et à calculer. Vers 1820-1830, en plus de l'orthographe et de l'arithmétique, il donnait les éléments des règles de grammaire et de calcul mental. en outre, il était chargé, en collaboration avec le pasteur, d'une partie de l'instruction religieuse. D'autres tâches lui étaient encore imparties : les fonctions de chantre et de sacristain; accompagner les élèves au culte public, au catéchisme, surveiller leur conduite...

Jusqu'à la Restauration, le régent donnait, individuellement, l'enseignement qui pouvait convenir à chaque élève. Il les appelait à tour de rôle à son bureau pour les faire lire, contrôler leur page d'écriture, de calcul... D'où une énorme pêrte de temps et des difficultés de discipline! En 1822, dans le Canton d'Audincourt où enseignaient Pierre-Abraham et Pierre CURIE, un règlement prescrivait de pratiquer une enseignement "mutuel" et "simultané" : d'un côté, les plus capables des élèves ("écoliers-moniteurs") servaient de moniteurs aux moins doués; d'un autre côté, l'ensemble de la classe comprenait trois sections de niveaux différents : les "abécédaires"; la section d' "épellation" et celle de la "lecture, de l'écriture sous la dictée et le calcul".

Avec 1848, la Révolution favorablement accueillie par les paroisses rurales, et la Seconde République, les idées nouvelles, révolutionnaires de BLANQUI, PROUDHON et MARX gagnèrent une partie des instituteurs communaux. En 1850, un climat de suspicion se fit jour; les autorités dénonçant "la gangrène morale qui, sous le nom trompeur de socialisme, attaque le corps social sous toutes ses formes : l'état, l'église, la famille" (ibid, page 53). Paradoxalement, la loi FALLOUX (15 mars 1850) allégea la tutelle des communes sur les instituteurs et donna aux Consistoires protestants (et non plus aux Communes) le "droit de présentation" pour les instituteurs.

Pour quelles raisons, est-ce à ce moment-là que Pierre CURIE, frère de Pierre-Abrahamn qui avait alors 53 ans, donna sa démission d'instituteur d'Etupes ? Etait-ce le poids de l'âge ? des difficultés matérielles ? ou bien plutôt un besoin de liberté face à cette suspicion ambiante ? Une délibération du Consistoire d'Audincourt en date du 9 octobre 1850, mentionnait : "Monsieur le Président donne connaissance de deux lettres de M.le Maire d'Etupes, l'une du 29 septembre, qui informe que le Sieur P.CURIE (maître d'école) a donné sa démission; et l'autre du 2 octobre qui demande que le Consistoire se réunisse le plus tôt possible pour s'occuper de la formation de la liste des candidats à la place d'instituteur d'Etupes, en vertu de l'article 31 de la loi sur l'enseignement" (ibid, page 59).

Quant à Pierre-Abraham CURIE, il n'attendit pas 1850 pour renoncer, lui aussi, à sa charge d'instituteur de FESCHES-le-CHATEL, qu'il occupait déjà lors de son mariage à 22 ans. On l'y retrouve à la naissance de ses deux premiers enfants : Pierre-Henri CURIE, né le 19 février 1823 à Etupes dans la maison de George-Frédéric SCHOULLER, garde-forestier, beau-frère de Pierre-Abraham CURIE; puis celle de sa première fille, Henriette CURIE, née le 6 mai 1824 à Fesches-le-Chatel. A la naissance de son troisième enfant, Emilie-Julie CURIE, le 7 décembre 1826, Pierre-Abraham CURIE est alors instituteur à ECHENANS-sous-MONVAUDOIS,près d'HERICOURT. Ainsi, Pierre-Abraham CURIE exerça la charge d'instituteur communal entre 21-22 ans et 26-29 ans .

De 1829 à 1871, Pierre-Abraham CURIE et sa famille vécurent à AUDINCOURT. Nous savons que Pierre-Abraham CURIE fut, à partir de 1829, le fondé-de-pouvoir à la perception d'Audincourt, auprès de son père Jean-David CURIE et jusqu'à la retraite de celui-ci en 1847; puis il le demeura auprès du successeur de son père, un certain Monsieur MARTIN. Mais Pierre-Abraham CURIE était aussi propriétaire. Son quatrième fils, Pierre-Jacques CURIE (mon arrière-grand-père) y naquit le 31 décembre 1829; il eut pour parrains son grand-père Jean-David CURIE qui avait alors 55 ans; et le cousin-germain de son grand-père, Jacques-Frédéric CURIE, le fils de George CURIE, tailleur à Etupes. Jean-Frédéric CURIE avait aussi 55 ans à cette époque, et il était cultivateur à Audincourt.

Son cinquième enfant, Emile-Charles-Frédéric CURIE vit le jour le 2 décembre 1833, aussi à Audincourt.

Pierre-Abraham CURIE et sa femme résidèrent à Audincourt jusqu'à leur mort à dix ans d'intervalle. Pierre-Abraham mourut, en effet, à 71 ans, le 24 avril 1871. Selon son fils aîné, Pierre-Henri CURIE "les Prussiens qui étaient encore à Audincourt, lui rendirent les honneurs mortuaires en face de la Mairie d'Audincourt!".....Henriette-Frédérique SCHOULLER, sa femme, mourut à 83 ans, le 16 novembre 1882, "ayant tous ses enfants auprès d'elle, sauf son fils Pierre-Jacques CURIE qui n'est arrivé que le soir". A leur mort, l'un et l'autre étaient rentiers.

Nous sommes informés sur les personnes qui déclarèrent leur décès. Pour Pierre-Abraham CURIE, ce furent son gendre Frédéric SIRIOULON, époux d'Henriette-Catherine CURIE; celui-ci était gérant des forges et âgé à cette époque de 56 ans; ainsi qu'un "voisin", Louis CURIE, âgé de 42 ans, qui remplaça au dernier moment pour une raison inconnue, le fils de Frédéric SIRIOULON, Paul-Emile SIRIOULON, contre-maître,âgé de 23 ans.

Lors du décès de Henriette-Frédérique CURIE, ce furent ses deux fils : Pierre-Henri CURIE qui avait alors 59 ans et résidait à Lyon; et Emile-Charles-Frédéric CURIE, âgé de 49 ans, Chevalier de la Légion d'honneur, en garnison à Paris comme Capitaine au 89ème Régiment d'Infanterie de Ligne.

¨Pierre-Henri CURIE (un de mes grands-oncles), le fils aîné de Pierre-Abraham CURIE, nous a laissé les quelques notes suivantes, datant du 12 septembre 1906 et du 24 février 1909, sur sa vie et sa carrière:
Né à Etupes le 19 février 1823, il épousa Marie-Julie MARTIN, née le 12 septembre 1822 à Ambrieu-en-Cugey (fille de Joseph MARTIN et de Marie FOURNIER) et décédée le 15 septembre 1908 à Lyon (105 boulevard de la Croix-Rousse) "à l'heure de onze heures trois-quarts-midi sans agonie et sans souffrance , pouvant à peine manger et boire, en un mot, s'en allant mourante avec calme et connaissance jusqu'à la fin".

Pierre-Henri CURIE fut nommé Percepteur surnuméraire dans le département du Doubs le 23 octobre 1847. Le 1er juillet 1850, il fut nommé Percepteur de la réunion de Chaux-Neuve en classe exceptionnelle. Le 7 novembre 1851, il fut nommé Percepteur des quatre communes composant la réunion d'Ambérieu (Ain). Le 3 décembre 1864, il fut nomme Percepteur des Contributions directes des trois communes composant la réunion de Montuel. Le 13 mars 1879, il fut nommé Percepteur de 1ère classe à Tarascon-sur-Rhône, et Percepteur Receveur municipal des trois communes complétant la réunion de ce nom. Le 15 mai 1882, il fut nommé Percepteur des Contributions directes de la 9ème division de la ville de Lyon (1ère classe). Et en mars ou avril 1886, Pierre-Henri CURIE fut admis à faire valoir ses droits à la retraite avec un certificat d'inscription n° 141943, somme annuelle de 3.925 francs...

Avec Pierre-Abraham CURIE, ma branche familiale commença à s'écarter du foyer commun de la famille CURIE d'ETUPES. Alors que les ancêtres antérieurs (Henry CURIE, ses enfants et ses petits-enfants) s'étaient installés dans la région d'Etupes depuis la mini-migration à partir de Montbéliard au milieu du 17ème siècle, un mouvement "centrifuge" s'amorçait en ce début du 19ème siècle dans ce qui parait avoir été la quête d'une nouvelle stabilité avec Pierre-Abraham CURIE qui, né à Etupes avec le siècle, donne le sentiment d'avoir "erré" une bonne partie des quelques 70 années de sa vie, certes à l'intérieur d'un cercle encore restreint, à la recherche de lui-même : d'Etupes à Fesches-le-Chatel, puis à Echenans, enfin à Audincourt auprès de son père! Son "errance" ne fut pas seulement "géographique", mais aussi "professionnelle". On le retrouve, en effet, à travers les actes de l'Etat-Civil, successivement instituteur, fondé-de-pouvoir de percepteur, propriétaire, enfin rentier à la fin de sa vie !

Avec ses enfants, cette mini-errance se transforma en "émigration". Son fils aîné, Pierre-Henri CURIE s'installa à Lyon; son fils cadet, Emile-Charles-Frédéric CURIE, embrassa la carrière militaire, et on le retrouve Capitaine en garnison à Paris. Ses deux filles, Henriette et Emilie-Julie CURIE, par leurs mariages, l'une avec Frédéric SIRIOULON, gérant des forges, l'autre avec le filateur Henri-Auguste SAHLER, redevinrent montbéliardaises. Quant Pierre-Jacques CURIE, mon bisaïeul, après des études d'ingénieur à l'Ecole des Arts-et-Métiers de Chalons et de nombreuses missions à l'étranger (Allemagne, Espagne..)s'expatria en Algérie d'où ma propre famille est issue.

LES MUTATIONS AU PAYS DE MONTBELIARD AU 19ème SIECLE

Au 19ème siècle, le Pays de Montbéliard s'éveilla, se transforma politiquement et économiquement, et il connut une étonnante mutation.

Politiquement, les Montbéliardais, héritiers d'une situation "originale" dans les siècles passés, ont (semble-t-il) toujours eu le souci de préserver leur "liberté" à travers les changements de régime politique de la France, veillant, depuis leur rattachement à la France en 1796, à "s'engager" le moins possible et à rechercher la "stabilité" la plus profitable !

N'ayant éprouvé que peu d'enthousiasme pour la Révolution française, et surtout pour les excès de la Terreur et la politique religieuse de la Convention, ils s'étaient ralliés au régime napoléonien. Le plébiscite de 1804 avait été approuvé à l'unanimité des 497 votants. Mais en 1816, ils accueillirent sans regret la fin du Ier Empire, affirmant leur fidélité à Louis XVIII et aux Bourbons. En 1828, ils firent un accueil enthousiaste au roi Charles X en visite dans la ville. De même, le 1er septembre 1831, Louis-Philippe connut des ovations identiques. Lors de l'insurrection ouvrière de Paris du 23 juin 1848, le caractère républicain modéré de Montbéliard s'affirma.

Puis, le Coup d'Etat du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon ne connut pas d'opposition violente; et la Municipalité adressa même ses félications au Président pour avoir "dissout une Assemblée qui renfermait dans son sein la tête de tous les partis qui décimèrent la France et détruit une Constitution où existaient tous les germes de la guerre civile". Au scrutin proposant le Second Empire, il n'y eut que 5% d'opposants. Mais lorsque Napoléon III espéra consolider son empire ébranlé en 1870 par un plébescite sur ses réformes libérales, les électeurs montbéliardais se prononcèrent à 70% pour le "non" (la moyenne nationale était de 17,5%) !

Pendant la guerre franco-allemande de 1870-71 et lors de la proclamation de la Troisième République après la défaite de Napoléon III, le Pays de Montbéliard écarta à la fois les bellicistes et les hommes de droite au moment des Législatives de février 1871. Si les paysans qui espéraient la paix immédiate, et la partie montagnarde et catholique de la circonscription appuyèrent les députés de droite, l'ensemble du Pays de Montbéliard, ancré dans le protestantisme, fut fondamentalement un fief républicain et radical. Les Luthériens choisirent alors la République laïque. Toutefois, avec l'avancée industrielle depuis le début du 19ème siècle, la population urbaine, vers 1850, évolua par l'apport d'immigrants, le plus souvent d'origine catholique.

Economiquement, la mutation fut la conséquence du développement industriel du Pays, grâce en particulier au creusement du Canal du Rhône-au-Rhin, en 1824, et à la construction (après bien des luttes d'intérêts et des péripéties) de la voie ferrée Dijon-Mulhouse en 1853, et des lignes d'intérêt local (Audincourt et Delle en 1868). De nouvelles filatures et des tissages (d'abord à main, puis mécaniques) s'installèrent (tels ceux des Frères SAHLER et BOURCART). L'horlogerie demeura une industrie essentielle; mais surtout, surgirent des entreprises "modernes" (instruments aratoires et outils, et celle de l'automobile avec les usines JAPY, PEUGEOT....)

Néanmoins, le Pays de Montbéliard connut plusieurs crises graves. En 1822-1823, une crise de surproduction du coton, puis de 1828 à 1831, de nouveau le marasme. Enfin, en 1847 et 1848, les mauvaises récoltes provoquèrent une hausse des denrées alimentaires; la crise industrielle aigüe amena l'ouverture d' "ateliers nationaux" de terrassement pour les nombreux chomeurs. Enfin, en 1854, une épidémie de choléra accrut les difficultés.

Ce fut dans ce contexte économique et politique en mutation que vécut Pierre-Abraham CURIE. Il semble bien que son existence en épousa les méandres !

mercredi, octobre 04, 2006

JEAN-DAVID CURIE (1774-1849), instituteur et percepteur.

Il fut mon ancêtre à la sixième génération. Il est né à Etupes, le 7 novembre 1774, et il fut baptisé au Temple du lieu le lendemain, en présence de Jean-Pierre PECHIN d'Etupes, représentant son fils mineur, Jean-David PECHIN, et de sa marraine, Franoise VIENOT-VURPILLOT.

En 1789,à la Révolution française, Jean-David CURIE n'avait que quinze ans. Son père, Pierre CURIE, tailleur à Etupes, était mort depuis cinq ans. Jean-David vivait alors avec sa mère Suzanne-Marie CUENOT, son frère Pierre, de trois ans son cadet, et ses deux soeurs, Marguerite de deux ans son aînée, et Suzanne-Marguerite qui n'avait que sept ans. Anne-Marie, l'aînée de la famille, déjà mariée depuis deux ans, devait habiter à Béthoncourt avec son mari, Jean-George BOURRAY.

Nous ignorons ce que fut l'adolescence de Jean-David CURIE, les études qu'il a poursuivies. Le fait qu'il ait été orphelin de père dès l'âge de dix ans, peut laisser penser que sa mère, devant assurer seule désormais l'entretien de ses trois tout jeunes enfants (douze, dix et deux ans) dût connaître des moments difficiles depuis la mort de son mari en 1784. Nous savons, néanmoins, par l'inventaire des biens de Pierre CURIE, que Jean-Pierre-Nicolas CURIE, laboureur à Etupes, le cousin-germain et le voisin immédiat de Pierre CURIE, avait été chargé par la justice de la "curatelle" des enfants. Suzanne-Marie CUENOT put-elle ainsi compter sur l'appui de la famille élargie, sans doute aussi de celle de son beau-frère, Jean-George CURIE, lui aussi tailleur à Etupes, qui lui avait vraisemblablement prêté le rez-de-chaussée de la maison qu'il possédait en commun avec son frère. Jean-George CURIE avait alors, lui-même, deux enfants, dont l'un, Jacques-Frédéric avait l'âge de Jean-David. Ces deux familles durent vivre assez proches l'une de l'autre, car bien plus tard, nous retrouverons les deux cousins germains, Jean-David et Jacques-Frédéric, comme témoins du mariage de Pierre-Abraham CURIE, le second fils de Jean-David CURIE.

Jean-David CURIE avait vingt deux ans quand la Principauté de Montbéliard fut rattachée à la France en 1796. En 1795, il a épousé Catherine GIGON de Roches-les-Blamont. Nous ne possédons pas son acte de mariage. De ce mariage, naquirent à Etupes trois enfants : Pierre CURIE, le 16 août 1796; Catherine CURIE, le 10 mars 1798 (qui devait décéder dans son jeune âge) et Pierre-Abraham CURIE, le 22 janvier 1800. Toutefois, sa femme devait décéder le 4 nOvembre 1804, quatre ans après la naissance de leur dernier enfant (qui sera mon arrière-arrière grand-père). Catherine GIGON devait avoir entre vingt huit et trente ans à sa mort. Si jeune, quelle fut la cause de son décès ?

Devenu veuf, Jean-David CURIE épousa en secondes noces en 1814, Marie METTETAL. Mais qu'était-il devenu de trente à trente neuf ans, entre 1804 et 1813 , pendant ces neuf années qui ont précédé son remariage ? Cette période fut précisément la grande époque napoléonienne. Particulièrement en 1809 et 1812, ce fut l'époque où le Premier Empire connut son apogée et Montbéliard la prospérité économique.

Pendant ce temps, Jean-David CURIE eut, semble-t-il, seul la charge de ses deux enfants Pierre et Pierre-Abraham: l'aîné ayant entre sept et seize ans, et le cadet entre quatre et treize ans! Quel métier exerçait-il alors ? Nous savons par l'aîné de ses petits-fils, Pierre-Henri CURIE, que jusqu'en 1810, il fut, lui aussi, instituteur à Etupes. Reçut-il, comme sa mère veuve, Suzanne-Marie CUENOT, le concours de ses frères et soeurs, Suzanne-Marguerite, Pierre, Marguerite et Anne-Marie, respectivement âgés entre vingt deux et trente et un ans, vingt sept et trente six ans, trente deux et quarante et un ans ?

Quand Jean-David CURIE épousa Marie METTETAL qui devait avoir alors entre trente cinq et trente sept ans, l'éducation de ses jeunes enfants de son premier mariage dût s'en trouver allégée. De son second mariage, il eut deux autres enfants: Marie CURIE (qui devait épouser plus tard un "Monsieur PERDRIGUET", receveur des douanes aux Rousses), et Catherine CURIE qui épousa un boulanger d'Etupes, "Monsieur COUTHAUD").

En 1810-1811, Jean-David CURIE (alors instituteur à Etupes et pas encore remarié) acheta en rente viagère au Sieur de VIDELAUZE la perception d'Etupes.Il fut donc percepteur d'Etupes et du Haut-Rhin, puis du Doubs jusqu'en 1829. Puis, en 1829-1830, il fut nommé percepteur du Chef-lieu de Canton d'abord à Mandeure, puis à Audincourt, où il demeura jusqu'en octobre 1847. Il fut alors remplacé par Monsieur MARTIN, chef d'escadron du 1er Cuirassier à Vesoul. Pendant cette période de 1830 à 1847, il eut pour "fondé de pouvoir" son fils Pierre-Abraham CURIE, qui était alors instituteur à Echenans.

Le 30 mars 1849, à trois heures du matin, Jean-David CURIE devait s'éteindre à Etupes à l'âge de soixante quatorze ans et quatre mois "en sa maison". Ses deux enfants, Pierre, alors âgé de cinquante deux ans, instituteur communal à Etupes, et Pierre-Abraham, âgé de quarante neuf ans, commis percepteur à Audincourt, furent les témoins de son décès à la Mairie d'Audincourt. Marie METTETAL, sa seconde épouse, devait mourir dix ans après son mari, en octobre 1859.

La longue existence de Jean-David CURIE s'est ainsi déroulée sous plusieurs régimes : de la Convention Nationale aux deux premières années de la Seconde République. Depuis son premier mariage, il avait connu le Directoire, le Consulat et le Premier Empire, puis la restauration des Bourbons et le règne de Louis-Philippe.

mardi, octobre 03, 2006

LA FAMILLE CURIE DE LA REVOLUTION FRANCAISE A AUJOURD'HUI

LA PRINCIPAUTE DE MONTBELIARD A LA REVOLUTION DE 1789.

Après l'entrée à Montbéliard de Bernard de SAINTES,le 10 àctobre 1793, la Principauté avait été rattachée à la France en 1796. Mais les bourgeois luthériens de Montbéliard ne manifestèrent que peu d'enthousiasme pour la Révolution. Dans leur majorité, ils acceptèrent assez passivement les transformations révolutionnaires. La Constitution de l'An III ne recueillit qu'une faible participation électorale. A Montbéliard, il n'y eut que 113 "oui", 1 "non" et 84% d'abstentions. Les Montbéliardais furent de mauvais contribuables et refusèrent la levée en masse de la Convention, ainsi que les tentatives de conscription du Directoire.

Si le Château de Montbéliard fut épargné, transformé en hôpital militaire, celui d'Etupes fut abandonné en1792; puis en 1793, le Conventionnel Bernard de SAINTES fit mettre en vente les meubles et les biens, et le Château fut enfin démoli en 1801.

Le politique religieuse de la Convention fut très mal reçue par les habitants du Pays, qui demeuraient fidèles au Protestantisme. Après avoir été supprimé et remplacé par celui de l'Etre Suprême, le culte chrétien dut être rétabli en 1795. Le Calendrier républicain fut rendu obligatoire; les régistres paroissiaux, saisis et remplacés par l'Etat-Civil.

LE VILLAGE D'ETUPES VERS 1800.

A quelques lieues de Montbéliard, Etupes fut à cette époque (et déjà, semble-t-il, depuis plus d'un siècle) la résidence des familles CURIE, descendant de Jean CURIE et de Henry CURIE, son fils.

Depuis 1796, au moment du rattachement de l'ancienne Principauté de Montbéliard à la France, Etupes faisait partie du canton d'Audincourt (l'un des quatre Cantons qui formèrent avec ceux de Montbéliard-ville, Clairegoutte et Dessandans, le septième District de Haute-Saône).

En 1794, la population d'Etupes comprenait 387 habitants. En 70 ans, depuis 1725, elle s'était accrue de près des trois-quarts; mais elle avait connu des fluctuations importantes, dûe à la présence de la nombreuse suite de valets et d'employés du Château, atteignant 572 habitants en 1792, pour retomber, deux ans plus tard, à 387 à la suite de l'émigration de ce personnel du Prince.

"Le paysage ondulé est réellement charmant lorsque l'étranger arrivé le soir à Etupes, se réveillait le lendemain, au soleil levant, en face de ces montagnes des Vosges déjà inondées de lumière, de ces prés encore noyés dans la rosée du mzatin, où étincelait la rivière...", écrivait en 1840 l'historien local Charles DUVERNOY.

LA PHYSIONOMIE DU VILLAGE D'ETUPES AUTOUR DE 1800.

Venant d'Exincourt, on suivait alors la "Grande-Rue" (ou "Grand Chemin") où se trouvaient, sur le côté gauche, le Château et la Tournelle, pavillon construit avant le Château par le Prince de Montbéliard; puis le presbytère d'Etupes; et sur le côté droit de la rue, la "Maison de Culture" de Pierre Chenot, ainsi que des maisons de chaque côté, jusqu'au "Café", ten par le "Joyeux Tonnelier Fleury". La "Grande-Rue" empruntait la "Rue de Fesches" où étaient, en particulier, le "Temple" et la "Maison des Bergers", propriété de la Commune.

Non loin, sur la route de Fesches, qui était encore le "Grand Chemin", se trouvait un emplacement du nom "La Terrière", lieu d'où l'on avait dû tirer de la terre.

En revenant au début de la "Grande-Rue", la "Rue des Prés", sur la gauche, traversée par le ruiseau, avait "l'Auberge Koelig", la "Maison Chenot", propriétaire de la tuilerie; et au bout, "le Coin Doriot" et de nombreux vergers. Prenant la seconde rue à droite, depuis la "Grande-Rue", on trouvait la "Rue du Moulin" qui ne comportait qu'une maison d'habitation avec moulin. Plus loin encore, une propriété, "la Ferme d'Etupes" qui appartenait aux Princes de Wurtemberg; et en face, "la Maison Erba", propriété de la famille PECHIN.

Au carrefour de la "Grande-Rue" et de la "Rue Dampierre", "la Fontaine des Oies" était prolongée par la "Rue des Vignes" (actuelle rue de la Libération). Et à l'angle du "Petit et Grand Faubourg", une maison de cultivateur appartenait à une autre des nombreuses familles PECHIN. Enfin, deux lieux-dits "les Bresses" et "En Bermont" comprenant de nombreux hectares de terrain, partagés en parcelles, cédées par la Commun par ascensement pour une période de trente ans renouvelables, et moyennant une somme annuelle de quelques francs de l'époque, payables au percepteur.

Nous retenons cette citation de Louis SAHLER, historien montéliardais, de 1909 : "Au cours de quelques promenades, il nous arrive fréquemment de voir le sol en son emplacement. Est-il étonnant que là, dominant la vaste plaine qui borde la chaine bleuâtre et sinueuse des Vosges, paysage aimable, toujours le même, nous pensons au passé et au présent".


mardi, septembre 26, 2006

ENNIO FLORIS



L' ami d'un demi-siècle....

Ennio FLORIS, ancien dominicain qui a enseigné à l'Angelicum de Rome avant de quitter le catholicisme et s'est tourné vers le protestantisme....

Chercheur critique pour qui la raison est le fondement de sa démarche intellectuelle. Pour mieux le connaître, se reporter au site : "L'analyse référentielle et archélogique" (http://alain.auger.free.fr), auquel je suis associé.

Nous nous sommes connus en 1956, quand j'étais pasteur de l'Eglise réformée de Bruay-en-Artois (1956-1960) lors d'une session pastorale au Nouvion-en-Thiérache où était alors installé le Centre protestant de rencontres du Nord et où Ennio FLORIS venait d'être nommé Directeur. Puis, quand le Centre protestant de recherche et de rencontre du Nord a été transféré à Lille, j'étais alors pasteur de l'Eglise réformée de Tourcoing (1960-1968) et j'ai collaboré activement avec Ennio FLORIS comme Secrétaire général du Centre. Sur le site donné en référence , on trouvera à la fois des informations sur cette activité d'alors, et aussi des textes actuels qui témoignent de l'évolution de la recherche d'Ennio FLORIS sur "le Jésus de l'histoire" et "le Christ de la foi".
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JESUS DE L'HISTOIRE ET CHRIST DE LA FOI


LES QUATRE EVANGELISTES.
(Rubens)

Si le "Christ", prénommé "Jésus" dans les Evangiles n'est qu'un personnage sacralisé, une "hypostase divine", imaginée par la foi de l'Eglise ancienne, héritière de l'Ancien Testament et de la pensée philosophique grecque, faut-il renoncer définitivement à découvrir "sous le Christ de la foi" le "Jésus de l'histoire" ?

Tous les historiens et les exégètes qui tentèrent, en particulier aux 18ème et au 19ème siècles, de percer ce mystère n'y sont pas parvenus, car tous recherchèrent le "Jésus de l'histoire" (qui n'a laissé de lui-même aucune trace écrite) à partir de l' exégèse des textes évangéliques; c'est-à-dire par l'analyse de la forme de ces récits, de leur expression littéraire et philologique, tout en souhaitant sauvegarder l' autorité des Ecritures.

Une démarche nouvelle permettrait-elle de sortir de l'impasse ?

Ennio FLORIS, auprès duquel j'ai eu le privilège de pénétrer pendant plus de quarante ans les méandres de sa recherche, l'a tentée. Son ouvrage, publié sous le titre "Sous le Christ Jésus" (Flammarion, 1987), fruit d'une longue maturation, a abouti à formuler une méthode inédite d'analyse des récits évangéliques, fondée sur une approche linguistique des textes et sur l' historicisme de Jean-Baptiste VICO (1668-1744), qui présuppose que la nature d'un phénomène est connaissable par sa genèse comme "événement de parole et de culture" (Consulter le site : "L'analyse référentielle et archéologique" - http://alain.auger.free.fr)

Le mythe est le "produit de l'activité métaphorique des hommes à l'âge de leur enfance culturelle". "Pour connaître ce phénomène (le "Jésus du texte") - écrit Ennio FLORIS - et pour résodre le problème qu'il pose, il faut rechercher la structure du langage des Evangiles (page 36). C'est pourquoi, "la foi comme valeûr doit être mise entre parenthèses" (page 36). Il poursuit : "On ne pourra saisir Jésus qu'à travers le mécanisme qui lui a permis, pour ainsi dire, d'entrer dans le discours" (page 38). La démarche d'Ennio FLORIS n'est donc pas exégétique et sémantique, mais référentielle. "Une fois connu ce que le texte dit, la démarche cherche à quoi se réfère le 'dit' du texte (page 38). L'Eglise primitive avait perdu la "mémoire" du "Jésus historique". "Au temps des évangélistes, l'Eglise est séparée de cette parole par une distance historique et culturelle. Pour y accéder, il fallait une médiation par la lecture et l'interprétation" (page 76). L'Eglise dut faire un effort de remémorisation, et son discours s'est constitué au moyen d'un "processus dialectique avec des opposants juifs qui ,sans croire au messianisme de Jésus, le connaissaient assez pour en discuter" (page 86). Paul et les évangélistes n'ont pas eu recours à la mémoire de leur passé, mais à l' "anamnèse", c'est-à-dire à leur mémoire ressuscitée.

Ainsi, le langage des Ecritures est lié à un code qui unit le signe (Jésus) à son signifié (le Christ). Par exemple, dans le récit d'Emmaüs, "les disciples ne voient pas le Ressuscité en personne, mais perçoivent seulement des "signes" par lesquels ils le reconnaissent" (page 75). L'auteur en infère que "puisque les évangélistes ne connaissaient Jésus que par les renseignements qu'ils pouvaient avoir sur lui", ceux-ci constituaient la "substance" du "signe" qu'ils devaient formaliser. "Ainsi, ils recherchèrent dans les informations sur Jésus les énoncés, les expressions, les mots mêmes qui avaient un rapport naturel avec le "Christ des Ecritures". Ils établirent un parallèle entre "Jésus" et "le Christ" par la médiation de deux récits : les "informations" et les "récits messianiques" (page 88). Jésus-Christ devenait ainsi "parole-image" (page 91), se présentant comme "personne historique" quand on voulait le considérer comme un "mythe"; et comme un "personnage mythique" quand on voulait le situer "dans l'histoire" : ce qui explique l'ambiguïté des récits évangéliques qui sont à la fois des "faits mythisés" et des "mythes historicisés"; et non point des "faits historiques".

Comment tenter de parvenir au "Jésus de l'histoire" ? Si cela est devenu impossible par l'exégèse classique, on peut observer à l'intérieur hétérogène des récits évangéliques des "hiatus", des "apories", révélateurs du "Jésus de l'histoire". "Des lambeaux d'information sur Jésus sont juxtaposés à des fragments scripturaires sur le Christ" (page 102). Si les évangiles sont le "tombeau du Christ", comment l'en faire sortir ? Après avoir séparé "le discours sur le Christ emprunté aux Ecritures du discours sur Jésus, propre aux informations" (page 102). Au terme de ce processus, on trouvera "des bribes de paroles, des mots, des énoncés et des trames" (page 104), qu'il conviendra de réinsérer dans le discours dont il faisait partie, à l'image de la "dépose" des fresques qui "permettait de détacher la dernière couche d'enduit, celle qui supporte la peinture, de la première sur laquelle le peintre avait tracé en sépia l'esquisse qui devait lui servir de base" (page 12). Par exemple, dans le texte : "Marie fut trouvée enceinte du Saint-Esprit...", on peut distiguer le "fait" ("Marie fut trouvée enceinte...") de son "interprétation" ("...du Saint-Esprit"). On procédera ensuite à la "reconstitution du discours d'information", à la manière de l'archéologue qui restitue un vase ou une demeure antique à partir des fragments retrouvés et selon les modèles connus.

Ainsi,dans l'énoncé "Marie fut trouvée enceinte", il devient possible "en se fondant sur les écrits anciens, juridiques et mythiques, de reconstituer les péripéties auxquelles était exposée une femme quand elle était trouvée enceinte en- dehors de la légalité. Dénoncée, elle était condamnée à mort... Ainsi, une fois le fait repéré, il est possible d'établir une trame hypothétique sur laquelle reconstituer le récit d'information" (page 109). "Bref - en conclut Ennio FLORIS -, il faut exhumer le "corpus" des informations, les interpréter et reconstituer le discours. Il faut faire sortir "Jésus" du "tombeau des textes" pour le donner à l'histoire. page 115).

A partir du fait historique de l'origine bâtarde de Jésus, Ennio FLORIS dessine le "profil" d'un homme qui, à travers une profonde crise de conscience à l'épreuve du désert, en quête de son identité par une lecture de l'Ancien Testament, découvre dans sa condition de fils bâtard, sa vocation prophétique de purification, mais échoue dans une action surhumaine de délivrance du peuple d'Israël, en butte à l'incompréhension de ses amis et à la haine mortelle de ses ennemis; qui, enfin, pour échapper à sa situation d'homme bâtard, ne put retrouver sa liberté d'homme que lorsque les conditions de sa bâtardise furent accomplies en lui. "La foi en la résurrection qui lui fut propre, lui fit comprendre que la mort était pour lui l'unique chemin de la rencontre avec le Père...Ceux qui, les premiers, le reconnurent comme 'Christ' virent en lui "l'homme qui, ayant donné sa vie pour les autres, fut sauveur par sa mort" (p.219).

Dans le sillage du prophète Osée, Jésus fut le prophète de l'amour, capable de susciter en l'homme l'énergie créatrice d'humanité. Prophète (et non "homme-christ" en qui les hommes seraient appelés à renoncer à leur humanité), c'est-à-dire celui qui annonce et déclare aux hommes que cette "créativité" est cachée au fond d'eux-mêmes à l'état de germe prometteur d'amour et de vie. Prophète qui annonce à l'homme : "Deviens ce que tu portes en toi-même."

Pierre CURIE

dimanche, septembre 24, 2006

FOI ET HISTOIRE


"La foi dans un sens, mais dans un sens caché de l'histoire, est à la fois le courage de croire à une signification profonde de l'histoire la plus tragique, et donc une humeur de confiance et d'abandon au coeur même de la lutte, et un certain refus du système et du fanatisme, un sens de l' "ouvert".

Paul RICOEUR.




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Qu'est-ce que la foi ?

"Je dirai qu'elle est un risque et un pari. En effet, je ne possède jamais toute la perspective de l'histoire; mais si j'ai pris au sérieux les analyses du moment, je procède alors à une prospective fondée sur une option. Alors, je prends un risque et je fais un pari! Je m'engage avec d'autres. Je mobilise ma volonté dans cette prospective, même modifiée dans le devenir historique. Ma "foi" se trouve là où je suis pleinement engagé. Dans ce devenir de moi-même avec les autres, dans cette "transcendance permanente, le "mythe du Christ" manifeste dans l'histoire la plénitude la perspective, c'est-à-dire la "plénitude de l'homme".

Pierre CURIE (Tourcoing, 12 mai 1968)


samedi, septembre 23, 2006

MA FAMILLE CURIE AU 18ème SIECLE (suite)


PIERRE CURIE (1732-1784) Tailleur d'habits et bourgeois de Montbéliard.

De son premier mariage avec Catherine-Elisabeh MONAMI, George CURIE, le Vieux eut deux fils, nés à Etupes: Pierre CURIE, né le 30 àctobre 1732 et Jean-George CURIE, né le 20 octobre 1736.

Pierre CURIE est mon ancêtre à la 7ème génération. Il fut baptisé trois jours après sa naissance au Temple d'Etupes, le 2 novembre de la même année. Son parrain fut son cousin, issu de germain, Pierre BOURGOGNE, fils de Jean BOURGOGNE et d'Anne CURIE. Sa marraine fut sa tante, Catherine-Marguerite BOURGOGNE, femme de Pierre-Nicolas CURIE, boucher à Etupes.

Rappelons l'importance au cours de cette génération, des liens noués entre la famille CURIE et la famille BOURGOGNE; mais aussi ceux avec la famille PECHIN que nous retrouvons davantage au cours des générations des 18ème et 19ème siècles.

Jean-George CURIE, le frère de Pierre, eut pour parrain Jean-George BOURGOGNE, représenté par son père, Jean-Pierre BOURGOGNE.

Pierre CURIE épousa à trente quatre ans, le 24 mai 1766, Suzanne-Marie CUENOT, fille d'un laboureur des Fesches-le-Châtel : Jacques CUENOT et de Marie-Madeleine CALAME. George CURIE le Vieux avait alors soixante six ans, et la mèrede Pierre était déjà morte. Nous savons que si Pierre CURIE (mais aussi son frère Jean-George) se sont mariés à cet âge avancé, c'est qu'ils avaient dû retarder leur mariage pour subvenir matériellement à leur père estropié gravement à la suite d'un accident. Mariés, Pierre CURIE, ainsi que Jean-George son frère, l'ont sans doute assisté jusqu'à la fin de sa vie en 1777.

Pierre CURIE devait décéder à Etupes le 26 janvier 1784 à l'âge de cinquante deux ans, sept ans à peine après la mort de son père. Jusqu'à la mort de George CURIE, le Vieux, Pierre partagea les mêmes événements. Deux ans avant de mourir, il assista le 1er août 1782 à la venu au Château d'Etupes du grand duc PAUL de Russie (le futur Tsar PAUL Ier), accompagné de sa femme, Sophie-Dorothée. Au cours de cette visite, des fêtes se succédèrent jusqu'au départ des hôtes princiers, le 2 septembre 1782.

Comme dans les dernières années de vie de son père, Pierre CURIE a connu jusqu'à sa mort à Etupes la vie animée par la présence au Château de la Cour du stathalder Frédéric-Eugène. Lorsque Pierre CURIE avait cinq ans en 1737, Etupes était un bourg de cent soixante sept habitants. En 1785, un an après sa mort, le bourg avait preque doublé de population et comptait trois cent dix neuf habitants, dont le nombreux personnel du Prince.

Pierre CURIE exerça à Etupes le métier de tailleur d'habits, tout au long de cette période de calme et de restauration de la Principauté de Montbéliard, après la longue crise qui l'avait éprouvée près de cent cinquante ans.

A peine un mois après le mort de Pierre CURIE, un inventaire de sa succession fut dressé par le Greffier du Baillage d'Etupes, Pierre-Emmanuel LODS, le 2 mars 1784 et signé le 4 mars de la même année par Suzanne-Marie CUENOT, sa veuve, et par Jean-Pierre-Nicolas CURIE ( fils de Pierre-Nicolas CURIE, boucher, cousin de Pierre CURIE) le curateur de ses cinq enfants (Anne-Marie, Margueritte, Jean-David, Pierre et Suzanne-Margueritte). Cet inventaire ne mentionne que les biens meubles et immeubles ayant appartenu à Pierre CURIE. Il ne comprend pas ceux que sa femme, Suzanne-Marie CUENOT, avait apportés à la communauté matrimoniale; en particulier ceux que Pierre CURIE avait cédé à sa femme par contrat le 7 août 1766 (environ deux mois et demi après leur mariage), ainsi que ceux qu'elle avait reçus en dot de ses parents. Cet inventaire comprend donc ceux qu'il avait sans doute reçus en héritage de son père George CURIE le Vieux (ces biens-là sont désignés comme "acquis").

D'après le contrat de mariage, signé devant le notaire G.RICHARDOT, le 8 mai 1766, Suzanne-Marie CUENOT, épouse de Pierre CURIE, pourrait en plus de ses biens propres, jouir du tiers des acquisitions faites au cours de leur mariage. elle avait en outre la charge d'administrer la totalité de la succession en qualité de tutrice de ses enfants qui recevaient les "biens anciens" du défunt et une part (sans doute un tiers) des "acquisitions" sous la responsabilité vigilante de leur Curateur, Jean-Pierre-Nicolas CURIE.

Par ailleurs, cet inventaire laisse supposer que les deux frères tailleurs, Pierre et Jean-George CURIE étaient proches voisins. La maison où demeuraient Pierre CURIE et sa famille, devait appartenir pour moitié à Jean-George CURIE. Pierre et Jean-George CURIE avaient-ils mis leurs ressources en communauté ? Surtout, si l'on se souvient qu'ils avaient dû subvenir, au moins depuis 1766, aux besoins de leur père impotent et sans ressources sur la fin de sa vie !

La maison de Pierre CURIE à Etupes semble avoir été mitoyenne de celle de Jean-Pierre-Nicolas CURIE : ce qui expliquerait pourquoi ce dernier fut désigné par la Justice comme Curateur des enfants de Pierre CURIE après sa mort.

De cet inventaire, il ressort aussi que si Pierre CURIE a exercé le métier de tailleur d'habits, lui et sa femme ont été, comme beaucoup, des paysans. En effet, en plus des biens relevant du "stock" laissé par le tailleur d'habits (sous la rubrique "toile, fil, oeuvre, laine, plume et sacs"), l'inventaire mentionne une vingtaine de parcelles de terrain (oiche, prels, champs...), représentant sans doute une superficie de plus d'un hectare et demi, ainsi que du bétail (deux vaches, une génisse, deux cochons, cinq brebis et moutons, deux agneaux, quatre canards, deux poules) et des herbages (foin, regain, paille...) et des outils divers.

Ainsi, Pierre CURIE et sa famille n'étaient pas riches (il n'y avait chez eux ni monnaie d'or et d'argent; ni argenterie et bijoux). Leur train-de-vie dut être sobre et rustique. Cependant, ils durent vivre à l'aise matériellement. La valeur de l'inventaire pour les seuls biens meubles représentait une somme de six cent quatre vingt onze livres et quatorze sols.

A sa mort, à cinquante deux ans, Pierre CURIE n'a laissé aucune dette. Il était même créancier d'une brebis avec son agneau et de trois quartes (une quarte-céréales = environ 19 kgs) de "boige hatif" ("boige" = mélange fait essentiellement de menus grains de printemps : orge, avoine, pois et vesces, semés ensemble). Sa "bibliothèque" se limitait strictement, semble-t-il, à une Bible et à un Psautier, ainsi que deux Nouveaux Testamants pour les enfants.

Quant aux immeubles, ils représentaient essentiellement la maison de Pierre CURIE et de sa famille à Etupes, avec ses annexes : une petite grange et une écurie, ainsi qu'un petit jardin et son verger d'une superficie d'un "coupot" (3 ares 14). La maison semble avoir été constituée d'un rez-de-chaussée, d'un étage et d'un grenier, ainsi que d'une cave, et en prolongement, la grange et l'écurie. Elle semble aussi avoir été en "copropriété" avec son frère Jean-George CURIE. En effet, l'inventaire mentionne : "La moitié d'une maison située au village d'Etupes, consistant dans le poêle et la cuisine au-dessus du rez-de-chaussée,et dont le bas de la dite maison avec l'autre moitié du grenier appartient à George CURIE, tailleur d'habits, frère du défunt, le tout entre Pierre-Nicolas CURIE d'une part et la grange ci-après spécifiée d'autre part, ancien du défunt, et la moitié de la cave du côté du couchant. Une petite grange avec une écurie au bout entre la maison ci-dessus d'une part et George CURIE partage d'autre, bâties pendant la communion sur un chésal du défunt. Un petit jardin et verger contenant environ un coupot entre Pierre-Nicolas CURIE du levant, George CURIE partage du couchant, le fief de la papeterie au midi et Jean VIENOT VURPILLOT au septentrion, ancien du défunt."

Les parcelles de terrain étaient constituées d'une "oiche", d'un "pré" et de seize champs, ainsi que d'une moitié de vigne: en tout, dix neuf quartes et quinze coupots et demi. L'inventaire de ces terrains communs aux deux frères Pierre et Jean-George CURIE fait apparaître huit fois sur dix la mention du nom de George CURIE; ce qui pourrait laisser supposer que ces terrains provenaient soit de leur part d'héritage commun, soit d'acquisitions communes antérieurement à leur mariage. En effet, quatorze terrains portent la mention "ancien du défunt"; un terrain a été agrandi par acquisition; deux terrains ont été acquis et trois autres ont été cédés par la Commune. Plusieurs de ces terrains (le pré, le champ "aux Voivannes", celui "aux Feuilles" et celui "la Voivanne de la Croix") voisinaient les domaines du Prince de Wurtemberg, Frédéric-Eugène. Sans doute, étaient-ils attenants ou proches du Château d'Etupes ? D'autres terrains jouxtaient des propriétés de parents (comme Esaïe CURIE, l'aubergiste, fils du bonnetier Jean-George CURIE et cousin germain de Pierre CURIE), ou des alliés (comme les PECHIN : Jacques, Frédéric et Marc; George BOURGOGNE, Pierre-Abraham GREYS; Joseph JOLY; Jean VIENOT VURPILLIOT et Daniel VURPILLOT) ainsi que des voisins (comme Joseph CHENOT et son fils Jacques); George BOUMI. George PEUGEOT; George VAUTHIER; Jacques MAILLART et Frédéric DORIOT).

Si l'on suppose que la "papeterie" d'Etupes mentionnée dans l'inventaire, jouxtant le jardin et le verger familial,se trouvait selon toute vraisemblance au bord de la rivière, et que certains appartenant à Pierre CURIE voisinaient le Château d'Etupes, il est possible d'imaginer que la maison familiale de Pierre CURIE, le tailleur d'habits, devait se situer entre ce qu'était alors la "Grand'Rue" (ou "Grand Chemin") à hauteur du Château d'Etupes et la rivière Allan, non loin du ruisseau "la Charme" que devait emjamber la "Rue des Prés"...

A ce point de notre généalogie, il paraît intéressant de mentionner les métiers que ma famille CURIE a exercés dans cette région d'Etupes, aux portes de Montbéliard.

Au 17ème siècle, à travers les actes d'état-civil connus, ont été mentionnés principalement la charge de Maître (ou Recteur) d'Ecole : Jean CURIE (3) et Henry CURIE; mais aussi dans les familles alliées aux CURIE (les BOURGOGNE et les KOELIG). Jean BOURGOGNE, marié à Anne CURIE, soeur d'Henry CURIE, exerçait le métier de bonnetier. D'après certaines indications relevées dans le Bulletin Municipal d'Etupes (1968), la famille KOELIG, aussi apparentée aux CURIE, et originaire du Canton de Berne, a possédé une auberge à Etupes. Jean CURIE (2), époux de Suzanne DUVERNOY, était tanneur.

Au 18ème siècle, toujours dans les actes d'état-civil, sont mentionnés pour ma branche familaile entre 1700 et 1750, les métiers suivants: bonnetier (Jean-George CURIE, fils d'Henry CURIE); tailleurs d'habits (Pierre CURIE et Jean-George CURIE, fils de George CURIE le Vieux); boucher (Pierre-Nicolas CURIE, fils d'Henry CURIE); laboureur (Jean-Pierre-Nicolas CURIE, fils de Pierre-Nicolas CURIE). Parmi les familles alliées aux CURIE, on relève aussi les métiers suivants : laboureur (Jacques CUENOT, beau-père de Pierre CURIE, le tailleur); menuisier (Charles-Jérémie GUILLEMOT, beau-père d'Esaïe CURIE, fils de Jean-George CURIE, le bonnetier); aubergiste (Esaïe CURIE).

Ainsi, le commerce et l'artisanat d'une part, l'agriculture d'autre part, semblent avoir été les deux orientations principales suivies par ma famille CURIE. Par ailleurs, presque tous ces CURIE des 17ème et 18ème siècles ont aussi été des "bourgeois de Montbéliard": en particulier, Jean CURIE (3) et Henry CURIE, puis Jean-George CURIE, le bonnetier. Pierre-Nicolas CURIE, son frère, le boucher; Pierre CURIE, le tailleur, fils de George CURIE le Vieux.

Il est possible d'imaginer alors leur vie sociale quotidienne. Depuis le 15ème siècle, en effet, les métiers s'étaient organisés en "corporations" : les "Chonffes", qui regroupaient obligatoirement tous les membres d'une même branche professionnelle; mais tous n'y avaient pas le même statut. Ces corporations fonctionnaient avec des assemblées générales, des cotisations, un budget, un bureau annuel élu..Elles dictaient le "droit du métier". L'ensemble des corporations de métiers comprenaient : les métiers de l'alimentations (boulangers, taverniers, bouchers, etc..); les métiers du bâtiment (charpentiers, maçons, couvreurs,..) les métiers du textile (tisserands, couturiers, chapeliers, ...); les métiers du cuir (tanneurs, cordonniers, pelletiers, foureurs, ...); les métiers du métal (forgerons, serruriers,..) Ils avaient des "sceaux" qui indiquaient à la fois la marque de fabrique et leur personnalité juridique.

A partir de 1723, la vie économique reprit ses droits dans la Principauté: l'artisanat fut l'activité dominante; près des deux tiers des personnes ayant un métier en vivaient; en particulier, les artisans du textile furent de plus en plus nombreux vers la fin du siècle; mais aussi les artisans des cuirs et peaux représentaient les 20% des métiers artisanaux. Cependant, les règlements des "Chonffes" étaient devenus de plus en plus inadaptés, freinant les initiatives et le progrès.

Ainsi, à côté d'une bourgeoisie marchande riche qui était aussi souvent une bourgeoisie administrative, des fonctionnaires anoblis par le Prince et qui avaient accès à la Cour des Châteaux de Montbéliard et d'Etupes, se développait une "classe moyenne", constituée par les maîtres-artisans qui étaient en même temps francs-bourgeois de la cité.

Il semble que ma famlle CURIE, ainsi constituée le plus souvent au cours de ce 18ème siècle par ces artisans d'Etupes et "bourgeois de Montbéliard", se soit trouvée intégrée à cette "classe moyenne", pas très riche, mais relativement à l'aise. Parallèlement, les CURIE qui s'étaient orientés vers l'agriculture (les laboureurs étaient des paysans-propriétaires) durent participer aussi à l'améliorations générale de la vie des paysans de l'époque, en particulier à la suite des nouvelles méthodes de culture, d'ailleurs apportées par les paysans anabaptistes (assolement, engrais, prairies artificielles - trèfle et sainfoin -, pratiques pastorales nouvelles pour l'élevage des bovins).